Caisse maladie publique : la mauvaise foi des opposants n’a plus de limites


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Le scénario est bien rodé : comme en 2007, les assureurs maladie et leurs représentants au parlement fédéral utilisent les arguments les plus trompeurs pour contrer une réforme du système de financement qui diminue leur pouvoir. La récente polémique sur le libre choix des médecins en est la parfaite illustration.

L’assemblée fédérale vient en effet d’adopter, le 10 septembre, une motion de Jurg Stahl, conseiller national UDC et membre de la direction de l’assurance maladie Groupe Mutuel, pour laisser aux assureurs maladie le libre choix des médecins qui leur conviennent «à partir d’une certaine densité médicale». Cette nouvelle provocation s’inscrit dans la volonté assumée depuis une décennie par les assureurs privés de mettre l’ensemble des praticiens sous pression, à la solde de leur vision « économique » du système de soins, à savoir des soins au rabais.

Dans le même temps, la campagne orchestrée par les assureurs contre la caisse unique (dont les frais de campagne sont « assurés » par les primes des cotisants eux-mêmes), nous assomme de slogans mensongers comme «la caisse maladie publique limitera le libre choix de votre médecin», ce qui est totalement faux : les associations cantonales de médecins qui soutiennent la caisse publique ne cessent de le répéter : le libre choix sera assuré.

Alors qu’avec la caisse publique, nous aurons un système démocratique, plus simple, plus transparent et moins coûteux, le système d’assurance maladie actuel donne de fait un pouvoir discrétionnaire et arbitraire aux assureurs.

Un autre argument de mauvaise foi : l’étatisation de la santé

Les opposants à la caisse publique ne cessent de hurler à l’étatisation de la médecine, et se placent comme les défenseurs de la médecine libérale. La caisse publique n’est que la mise en place d’un système public de financement : les prestataires de soins gardent leurs statuts d’indépendants lorsqu’ils pratiquent en dehors du secteur public.

De plus, comme les détracteurs de la caisse publique le savent pertinemment, dans le système actuel, la concurrence entre les caisses ne fonctionne pas. Elle ne porte que sur la chasse aux bons risques car les prestations dans l’assurance de base sont couvertes obligatoirement et les tarifs sont les mêmes pour tous les assureurs.

Avec cette réforme, mettons fin à la chasse aux bons risques et aux manipulations financières du secteur privé. Après le vote sur la caisse publique, la plus grande urgence sera de mettre fin au financement actuel injuste et de promouvoir des primes en fonction du revenu et de la fortune.

Des études récentes menées par des équipes lausannoises auprès de cabinets médicaux montrent que 10 % des patients sacrifient des soins pour des raisons économiques. Le nombre de patients qui n’arrivent plus à payer leurs primes d’assurance-maladie ne cesse de croitre. Avec la caisse publique, les primes pourront enfin baisser et la bataille pour un financement plus social de l’assurance maladie sera facilitée.

 

Gilles Godinat

 

19 septembre 2014, 23:02 | National / Santé

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