Oui, la précarité existe en Suisse

Contre la précarité: un salaire minimum de 22 francs de l’heure. SolidaritéS Vaud.

Au-delà de l’image trompeuse d’une Suisse riche de part en part, la précarité s’est installée dans le pays. La dernière crise économique s’y fait encore sentir et la prochaine pointe le nez. Fluctuant, le chômage menace de repartir à la hausse et le phénomène des travailleurs et travailleuses pauvres n’a fait que se perpétuer. Ces working poors sont les personnes ayant un travail, mais vivant en dessous du seuil de pauvreté. Elles sont alors souvent obligées de faire appel à l’aide sociale pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille.

Dans cette catégorie de précaires, on retrouve en majorité des femmes et des jeunes. Le phénomène est loin d’être marginal, c’est en effet déjà 10 % des familles dans le canton de Vaud qui vivent dans cette précarité.
Cette situation est injuste et intolérable, il est urgent de se mobiliser pour y mettre fin. SolidaritéS veut faire de la lutte contre la précarité une priorité centrale. Un des outils indispensables pour atteindre cet objectif est l’établissement d’un salaire minimum fédéral. Rappelons qu’aujourd’hui, la Suisse fait partie des rares pays développés dont la Constitution ne mentionne pas de salaire minimum. Si la votation sur le même objet a échoué de justesse dans le canton de Vaud, la cause est loin d’être perdue et prend tout son sens au niveau national. La récolte pour une initiative fixant un salaire minimum dans tout le pays va sans doute aboutir prochainement. L’absence de législation signifie dans les faits que les patrons peuvent agir comme ils le souhaitent et baisser les salaires à leur guise. Ceux qui ont le moins de choix, comme les immigrés, les jeunes, les femmes et les sans-travail, sont obligés d’accepter de travailler pour de médiocres salaires. Outre ces groupes les plus touchés par la précarité, la question des bas salaires concerne beaucoup plus de personnes. Si 50 % des salarié·e·s sont officiellement assujettis à une convention collective de travail (CCT), c’est une proportion bien moindre qui bénéficie d’un salaire minimum garanti dans leur cct. Les domaines sans couverture conventionnelle ne sont pas mineurs : les assurances, le secteur informatique, l’économie domestique, les services à la personne (soins corporels par ex.), l’industrie du tourisme, le secteur de la santé, une partie de l’industrie chimique ou de l’alimentation, ainsi que dans les grandes chaînes de distribution comme Lidl, Aldi, Spar, Manor ou Denner, il n’existe aucune CCT. Et là où il y en a une, comme dans l’hôtellerie-­restauration, encore faut-il qu’elle soit appliquée. Par ailleurs, de nombreuses conventions, comme celle de l’industrie des machines, des équipements électriques et des métaux, ne contiennent aucun salaire minimum.

Les bas salaires, une plaie pour tout le monde

Fixer un salaire minimum donnera à tous et à toutes la garantie de pouvoir vivre dignement et empêchera les patrons de surexploiter leurs employé·e·s. Il constituera également un frein à la mise en concurrence des salarié·e·s. Les bas salaires ne concernent pas seulement les working poors, mais l’ensemble des sala­rié·e·s puisque, par le jeu de la concurrence, ils plombent toutes les rémunérations. S’enclenche alors une spirale vers le bas des revenus, qu’un salaire minimum fédéral permettra d’enrayer. Au-delà des salarié·e·s, la fixation d’un salaire minimum concerne aussi l’ensemble des contribuables, qui financent l’aide sociale pour les working poors, qui ne peuvent tourner avec leur salaire. Les patrons versent des salaires de misère à leurs employé·e·s et s’en lavent les mains, laissant l’Etat s’occuper de cette charge. Est-il normal que nous subventionnions ainsi indirectement les entreprises qui sous-payent leur personnel ?
Contrairement à une idée reçue, un salaire minimum n’entrainera pas de baisse des salaires. Les expériences dans d’autres pays que la Suisse ont montré que cela n’était pas le cas, bien au contraire : en Angleterre, après l’introduction du salaire minimum en 1999, la tendance a été à la hausse. Le salaire minimum fixera au moins une limite inférieure au dumping salarial. Par les temps qui courent, il est nécessaire et urgent d’introduire un salaire minimum pour l’ensemble des salarié·e·s.

Extrait de notre tout-ménage électoral.

13 octobre 2011, 12:00 | Economie / Education / Elections fédérales / National / Travail / Vaud

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