Encore plus à droite!

Les casseurs du social et les racistes ont le vent en poupe
Résultat des élections fédérales 2007
L’UDC à 29%, un gain de 2,3% et sept sièges supplémentaires, le parti socialiste (PSS) à 19,5%, un recul de 3,8% et 9 sièges en moins, les Verts à 9,6%, un gain de 2,2% et 6 sièges supplémentaires, tels sont les principaux résultats des élections du 21 octobre 2007 aux Chambres fédérales, qui voient un déplacement très significatif à droite de l’échiquier politique, à l’échelle helvétique bien sûr. Partout en Suisse la droite la plus dure a progressé, voir fortement progressé. Le parti de Christoph Blocher obtient 22,4% des voix dans le canton de Vaud, soit un gain de 2,1%, à Genève 21,1% (+2,8%), à Neuchâtel 23,2% (+0,7%), dans le canton du Jura, 13,7% (+5,4%), à Fribourg 22% (+0,6%) et au Valais 16,6% (+3,2%). Dans plusieurs cantons alémaniques, l’UDC confirme largement sa position de force dominante au sein des partis bourgeois: 33,9% à Zurich, 33,6% à Berne, sans parler des 39,1% à Schaffhouse, voir 42,4% en Thurgovie… Cette avancée va signifier des attaques encore plus fortes, dans les prochaines années, contre les assurances sociales, en particulier contre l’AVS (augmentation de l’âge de la retraite), l’assurance-chômage (réduction du droit aux indemnités) et l’assurance-invalidité (chasse aux soi-disants «faux invalides»), une accélération du démantèlement des services publics, la mise en œuvre d’une brutalité accrue dans l’offensive néo-libérale et néo-conservatrice. Radicaux et démocrates-chrétiens, au coude à coude, ne seront pas de reste! Et le Conseil fédéral sera à la barre pour imposer tous ces mauvais coups aux salarié·e·s, aux jeunes, aux femmes ou aux retraité·e·s. Les étrangers et étrangères seront les boucs émissaires tout désignés des nouvelles campagnes racistes à venir – sur les minarets, sur les naturalisations ou pour l’expulsion des «délinquants étrangers» – visant à leur faire porter le chapeau de l’insécurité sociale imposée par l’UDC et ses comparses.

Les résultats de ces élections constituent un baromètre, certes déformé, des rapports de force dans la société. La victoire, sur le terrain électoral, de l’UDC, est le reflet de la très grande faiblesse des salarié-e-s et de leur organisation collective sur les lieux de travail, des défaites successives encaissées sur le plan politique, défaites souvent consenties sans combat par le PSS. Il n’est dès lors guère surprenant qu’une partie de la base traditionnelle de ce parti, déboussolée, ait été gagnée par le discours et la politique de la droite populiste. Le parti socialiste participe à la mise en œuvre des politiques néo-libérales, quand il ne pilote pas lui-même, comme c’est le cas avec l’ouverture au marché du secteur énergétique ou encore la privatisation du secteur des télécommunications (Poste, Swisscom) et des CFF. Ce faisant, il s’est coupé très largement des milieux populaires qu’il prétendait représenter. Cela n’empêche pas Simonetta Sommaruga, conseillère socialiste bernoise aux Etats, de préconiser déjà d’aller encore plus loin dans cette orientation, jusqu’à « casser tous les tabous »! Mais, sur ce terrain, les Verts ont pris une longueur d’avance… Ils se positionnent « au centre » ! Et, en matière de défense de l’environnement, ils apparaissent plus crédibles que le PSS, même s’ils ont déjà reculé face aux mesures radicales nécessaires – comme celles engageant un réorientation fondamentale du système de production- pour répondre aux catastrophes entraînées par réchauffement climatique, au profit de la « realpolitik » du « développement durable ».
La politique de confrontation dans le secteur du bâtiment, voulue par la Société suisse des entrepreneurs (SSE) en dénonçant la convention collective nationale de travail, illustre bien, sur le plan social, les changements qu’indiquent les résultats des élections fédérales. Les grèves et actions engagées par les travailleurs de la construction, avec leurs syndicats, constituent de ce fait un test primordial de la résistance que les salariés peuvent opposer à la violence des attaques patronales. Dans les semaines qui viennent, c’est la solidarité avec cette lutte qui sera décisive.
Le refus de la privatisation du Service des automobiles dans le canton de Vaud, suite au référendum lancé par les syndicats et les partis de gauche, montre également l’importance de refuser toute politique « du moindre mal », en lien avec le pillage et le saccage des services publics, devenus les cibles privilégiées de la droite. Au moment où une majorité d’électeurs et électrices de ce canton accordaient leurs suffrages à des partis qui défendent les projets de privatisation, une autre majorité a heureusement mis un cran d’arrêt à un projet précis, annonciateur d’autres tentatives du même tonneau.
Petit signe encourageant, dans le canton de Neuchâtel, la majorité gouvernementale rose-verte, qui a été le fer de lance d’une sévère politique d’austérité, a été sanctionnée sur le plan électoral. De nombreux salarié-e-s avaient manifesté dans la rue, par des pétitions sur leur lieu de travail, leur opposition à cette politique d’économies effectuées à leur détriment et à celui des usagers de la santé et de la formation. Leur opposition s’est traduite par un vote pour la gauche de résistance, la liste POP – solidaritéS, qui a doublé son score et atteint près de 10%.
Soutien à la lutte des ouvriers et ouvrières du bâtiment dans la défense de leur convention collective; formations de front d’opposition à la politique antisociale qui ira en redoublant ; défense intransigeante des droits des migrants; amplification des actions antiracistes déjà entamées: la besogne ne manquera pas. Notre détermination non plus.

Jean-Michel Dolivo (édito du n°116 du journal solidaritéS)

23 octobre 2007, 12:19 | Elections fédérales / Travail

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