Faites vos jeux!

Article de Pascal Helle,

publié dans le journal solidaritéS,

légèrement modifié ici.

 

Craignant de voir disparaître la poule aux œufs d’or, le Conseiller communal en charge des finances de la ville de Neuchâtel a promptement réagi au lancement de la pétition « Contre un Casino » lancée par les Verts, Solidarités et le POP (téléchargez ici la pétition). Dans un éditorial du journal « officiel » de la Ville, Alain Ribaux invoque pêle-mêle les emplois futurs (qu’il évalue pour faire bonne mesure entre 60 et 80 postes), l’image touristique de la ville et surtout les finances communales.

 

Car même si la commune passe en dernière position après la Confédération et le canton, il y a là une manne espérée et bien réelle. Pour mémoire, le concurrent de la ville de Neuchâtel, la commune de La Tène évaluait à 400 000 francs les retombées attendues de l’installation d’un casino.

 

Il vaut la peine d’élever le débat. Nous savons que la Suisse offre une des plus fortes densités de casinos au monde et que les casinos ne sont de loin pas les seuls endroits consacrés au jeu : internet et ses jeux en ligne, machines à sous dans les cafés. Ce qui nous interpelle dans cette affaire, c’est que les autorités communales ne se préoccupent pas des conséquences sociales d’un tel projet et encore moins de demander son avis à la population sur l’implantation d’une maison de jeux au centre-ville, cela malgré les nuisances prévisibles dues au trafic automobile.

 

Poser la question du jeu, c’est avancer sur un terrain émotionnel où se rencontrent jugement moral et religieux. Les professionnels de l’addiction au jeu font eux la part des choses : ils relèvent que le jeu est d’abord un plaisir et que la majorité des gens jouent sans danger, mais que 1 % de la population suisse est considérée comme « joueur pathologique » et 2 % comme « joueur problématique ». Entre 50 000 et 100 000 personnes sont donc concernées par la problématique du jeu excessif en Suisse (15 000 pour la Suisse romande). Ces personnes sont confrontées aux problèmes associés à cette dépendance (surendettement, difficultés relationnelles, violences, délits, tentatives de suicide, mises en péril de la vie professionnelle).

 

Dans le canton, la Fondation Neuchâtel addictions (www.fondation-neuchatel-addictions.ch) propose une prise en charge individuelle et pluridisciplinaire, cela en toute confidentialité et gratuitement au Drop-in (Neuchâtel) et à la Balise (Chaux-de-Fonds). Quand l’on sait que seuls 1 à 2 % des joueurs excessifs consultent, l’on comprend d’autant mieux l’importance de développer la prévention et donc de fournir des moyens plus conséquents aux professionnels de l’addiction plutôt que d’escompter simplement des rentrées financières pour on ne sait quel usage.

 

Quelques documents à télécharger pour contribuer au débat :

- pdf1

- pdf2

- powerpoint1

- powerpoint2