source : journal solidaritéS n°164, page 15

 

Neuchâtel

« Redressement des finances et réforme de l’Etat »
Tel est l’intitulé du rapport du Conseil d’Etat au Grand Conseil. Il serait plus correct de
l’appeler: «Programme d’austérité pour la mise en application du programme de
législature refusé en janvier par le Grand Conseil».
Respectueux des dogmes libéraux, ce «redressement» ne prévoit que des réductions de dépenses,
aucune idée de recette nouvelle. Dans son rapport, le Conseil d’Etat a chiffré arbitrairement le déficit
structurel du canton à 90 millions et la nécessité de dépenses nouvelles, notamment pour le Transrun
(concept de transports publics cantonal), à 60 millions. Il propose d’atteindre en 6 ans cette réduction
budgétaire durable (150 millions) des prestations de l’Etat Le programme de législature refusé avait indiqué
que les coupes auraient lieu principalement dans l’éducation, le social et la santé. Le document final
amendé ne contient pas de chiffres, mais conserve la méthode. Pour Jean Studer, conseiller d’Etat
socialiste, l’essentiel est sauf : « Il faut s’accorder sur l’objectif et pas sur le montant ». Et l’objectif c’est :
couper dans les prestations et ne dégager aucune recette nouvelle. Prévoyant qu’un tel programme ne
serait pas aisé à faire passer dans la pratique, le Conseil d’Etat sollicitait un budget de 16 millions sur la
période 2010-2016, avec pour objectif de mandater une société de consultants privée (le nom de Nelly
Wenger Associates a circulé, mais cela a suscité des haut-le-coeur !) chargée de faire passer la pilule.
En janvier 2010, dans la discussion générale sur le programme de législature – qui ne portait pas à
conséquence (son vote n’était qu’indicatif) –, le Parti socialiste avait rejoint le groupe POP-Verts-SOL pour
rejeter cette politique d’austérité antisociale. A l’heure des questions « sérieuses », celles du vote des
budgets, la majorité Parti socialiste - Parti libéral-radical a voté comme un seul homme le rapport « Pour le
redressement des finances et la réforme de l’Etat », y compris le budget de 16 millions pour faire passer le
programme de réduction des dépenses de l’Etat. L’UDC, sans surprise, a refusé le rapport: elle voulait que
la réduction des dépenses soit chiffrée, pour être sûre que le renforcement de la politique antisociale soit
vraiment appliqué. Les propositions de recettes nouvelles (impôt sur les grandes fortunes, pas de baisse
du taux d’imposition du bénéfice des entreprises) ont été évidemment balayées par le Parti socialiste.
Maintenant que l’objectif est acquis – réduire, Jean Studer va proposer sa nouvelle version de la fiscalité
des entreprises, qui prévoit une baisse de l’imposition du bénéfice (actuellement de 6 % à 10 %) en
contrepartie de l’abolition partielle des exonérations fiscales qui ne tiennent plus la route. Dans la foulée, il
proposera de refuser l’initiative « Pour une contribution extraordinaire des grandes fortunes, limitée dans le
temps », qu’il a retenue dans ses tiroirs en violation flagrante de la légalité.
Une chose est de voter dans l’enthousiasme de nouvelles réductions de dépenses, une autre de faire
accepter par la population la réduction des prestations de santé, la dégradation des conditions
d’enseignement ou la détérioration des conditions de travail du personnel de l’Etat. solidaritéS sera présent
comme toujours pour organiser les résistances.


Henri Vuilliomenet