Des conditions de travail inacceptables 
pour les employés agricoles

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Début décembre, l’Autre syndicat et Unia ont adressé une pétition munie de 2000 signatures au Conseil d’Etat vaudois. Ces organisations demandent aux autorités d’améliorer substantiellement le contrat type de travail en vigueur dans le secteur. Pour mieux comprendre les enjeux liés à cette revendication, notre rédaction s’est entretenue avec Dylan (nom connu de la rédaction), employé agricole et militant de l’Autre syndicat.

 

Quelles sont les conditions de travail actuelles dans le secteur agricole du canton de Vaud?

Elles sont très mauvaises. Le secteur agricole n’est pas soumis à la Loi sur le travail ce qui prive les tra­vail­leurs·euses de nombreux droits. Chaque canton doit édicter un contrat type de travail définissant les minimas dans le secteur. Dans le canton de Vaud, celui-ci prévoit un salaire de 3200 francs brut par mois, pour 50 heures de travail hebdomadaire (52 heures avec du bétail). De plus, les em­ployeurs·euses ont le droit de soustraire 990 francs à la paye des em­ployé·e·s, pour couvrir les frais de nourriture et de logement. Ces conditions désastreuses peuvent légalement être encore péjorées s’il y a un contrat écrit le prévoyant. Même si le contrat type dans le canton de Vaud est très mauvais, certains em­ployeurs·euses y dérogent, en embauchant des sa­la­rié·e·s au noir, à des conditions inférieures. Il est vrai que les em­ployeurs·euses ont de quoi s’inspirer des situations encore plus exécrables qui prévalent dans certains cantons : le contrat type édicté à Glaris permet ainsi des semaines de 66 heures de travail en été !

Quelle a été l’attitude des em­ployeurs·euses dans les négociations?

Ceux-ci ont rejeté les revendications des em­ployé·e·s, qui demandaient une réduction conséquente du temps de travail, l’augmentation du salaire de base à 3500 francs brut, une validation de l’expérience acquise via l’introduction d’une classification salariale, ainsi qu’une reconnaissance supplémentaire pour les salariés au bénéfice d’un certificat fédéral de capacité (CFC). La seule chose que les em­ployeurs·euses étaient prêts à concéder, c’est une réduction du temps de travail de 30 minutes, ainsi qu’une hausse du salaire mensuel de 50 francs brut. Dans ces conditions, nous avons interrompu les négociations et nous demandons au Conseil d’Etat représenté par Philippe Leuba d’intervenir, en améliorant le contrat type. A Genève, les autorités l’ont fait, en obligeant les em­ployeurs·euses à introduire une semaine de 45 heures en arguant que de tels horaires pour des travaux aussi éprouvants pouvaient porter atteinte à la santé des employé·e·s. Les em­ployeurs·euses derniers ont fait recours mais ont été déboutés par la justice. Cela constitue un argument important en faveur d’une amélioration des conditions de travail dans le canton de Vaud.

Hadrien Buclin

5 décembre 2014, 13:37 | Agriculture / Vaud

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