CO2 et vieilles casseroles nucléaires

Pour un service public de l’énergie. Banderolle de solidaritéS Vaud

La politique suisse de l’environnement et de l’énergie est un franc succès : non seulement nous produisons quasiment autant de CO2 qu’en 1990, grâce au trafic routier, mais encore nous utilisons parmi les plus vieilles centrales nucléaires du monde. Ce qui n’empêche pas notre Doris nationale d’aller réprimander les pays en développement, qui ne réduisent pas assez leurs émissions de gaz à effet de serre. Comment dit-on faux cul en dialecte argovien ?

Puisque toute solution au réchauffement climatique, à la pollution et à l’usage soutenu des énergies fossiles ne pouvait venir que du marché, selon nos dirigeants, la Suisse a, pour l’essentiel, limité ses différentes politiques en la matière à des incitations financières et des taxes. Celles-ci n’ont généralement qu’un seul effet : faire payer proportionnellement plus à Monsieur et Madame Tout-le-Monde qu’aux entreprises, qui par ailleurs bénéficient d’échappatoires, comme dans le cas de la taxe CO2. Le résultat en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) est là : ce n’est qu’en achetant des droits d’émissions à l’étranger que la Suisse peut donner l’impression de respecter le protocole de Kyoto. Protocole dont les objectifs sont largement en dessous de ce qui serait nécessaire. Le protocole demande une réduction d’au moins 5 % des ges par rapport à 1990. Le rapport de 2007 du giec parle lui, dans sa variante la plus ambitieuse en matière d’objectifs, d’arriver en 2050 à des émissions réduites de 50 à 85 % par rapport à 2000, si l’on ne veut voir qu’une augmentation moyenne de 2° à 2,4° des températures du globe par rapport à l’ère préindustrielle. Comme les températures en Suisse ont déjà gagné, en moyenne, 1,8° par rapport à celles des années 1970, il paraît évident que l’objectif des 2° est désormais hors de portée. Pour tenir compte de cet échec, le GIEC a fourni de nouveaux scénarios, correctifs. Dans ceux-ci, les pays développés, toujours pour ne pas trop dépasser les 2°, devraient fournir un effort colossal et voir leurs émissions décroître entre 25 % à 40 % (par rapport à 1990) en 2020 et entre 85 % à 90 % en 2050 ! Or 2020, c’est demain ! Et rien de colossal n’est à l’agenda helvétique.
Cela d’autant moins que ne sont décomptées comme émissions de co2 que celles qui sont produites en Suisse. Si nous ajoutons les émissions « grises », provoquées par les marchandises et services importés, il faut alors ajouter 78 % de gaz à effet de serre ! Bref, si nous voulons vraiment lutter contre le réchauffement climatique, c’est une vraie révolution des modes de production et de consommation qu’il faut enclencher.

Un premier pas dans ce sens consiste à renoncer le plus rapidement possible à l’énergie nucléaire et à débrancher immédiatement les centrales de Mühleberg, Beznau I et II. Le nucléaire est une impasse coûteuse et dangereuse. Fukushima l’a rappelé, comme le rappellent aussi les tonnes de déchets en attente de solution et le casse-tête technique et financier du démantèlement des bouilloires atomiques.

Renoncer au nucléaire et rompre avec la civilisation du pétrole sans accroître les émissions de gaz à effet de serre, cela ne peut s’engager que si quatre conditions sont réunies :

  • la première consiste à développer massivement et rapidement l’efficacité énergétique. Les bâtiments sont les premiers concernés, mais aussi l’industrie et les fournisseurs d’appareils électriques (électro-ménager, informatique, etc.). Des normes contraignantes fortes doivent s’appliquer pour éviter l’absurdité qui voit les modes de veille (stand-by) d’une foule d’appareils consommer, inutilement, l’équivalent en un an de la production de la centrale nucléaire de Leibstadt !
  • la seconde demande le développement rapide et prioritaire des énergies renouvelables. Nous ne faisons aucunement confiance au marché pour y arriver de manière satisfaisante, y compris sur le plan écologique. Une régie publique est nécessaire.
  • la troisième réside dans la mise en cause des prétendus besoins auxquels la consommation énergétique est censée répondre. Eclairage a giorno des rues commerçantes, pub inutile (combien de mégawatts dans nos boîtes aux lettres chaque semaine ?), hypermobilité, fermes informatiques, etc.
  • la quatrième, déjà évoquée, exige la mise en place d’une régie publique de l’énergie pour appliquer les trois premiers points et parvenir à une réduction de la consommation démocratiquement maîtrisée et socialement équitable.

Extrait de notre tout-ménage électoral

14 octobre 2011, 10:41 | Eco-logique / Elections fédérales / National / Santé

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