Présentation de Hans-Peter Renk, 12 novembre 2015
Quels fondements a l'histoire suisse traditionnelle (le pacte de 1291, Guillaume Tell...) ? A l'heure où la droite national-conservatrice en utilise les poncifs, quelle(s) réponse(s) de la gauche, pour une histoire alternative ?
Un débat plus nécessaire que jamais
1) En préambule
Lors de l'assemblée générale de l'Association pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN), en mai 2015, Christoph Blocher – ex-PDG de EMS-Chemie, premier mécène du SVP-UDC et châtelain de Rhäzuns (ancienne seigneurie autrichienne, jusqu'en 1815, enclavée dans le canton des Grisons) – déclarait : « La lutte pour l'histoire suisse n'est pas une lutte historique, mais une lutte politique ». C'est bien le seul point sur lequel il a parfaitement raison ! A une autre occasion, Christoph Blocher avait affirmé la supériorité des mythes historiques sur l'énoncé et l'analyse des faits effectués par les historien-ne-s.
De manière générale – contrairement à la propagande du SVP-UDC -, les remises en cause de la vulgate historique longtemps enseignée dans les écoles n'ont pas émané essentiellement d' « historiens gauchistes », mais souvent d'historiens sans engagement politique et travaillant à partir de l'analyse des sources et des faits (une partie importante de cette production est parue en langue allemande et n'est souvent pas traduite en français). C'est déjà le cas (cf. plus loin) au XIXe siècle.
2) Aux sources de l'histoire suisse
Le premier grand ouvrage d'histoire suisse, paru au XVIIIe siècle, a été rédigé par l'historien Johannes von Müller. Comme ses principaux éléments ont été repris par des ouvrages de vulgarisation au XIXe siècle (Heinrich Zschokke, immigré allemand, fonctionnaire de la République helvétique – 1798-1803 -, et président de la Société helvétique dans les années 1820 ; Alexandre Daguet, professeur fribourgeois, émigré à Neuchâtel, après le retour au pouvoir des conservateurs fribourgeois en 1857), il faut revenir sur les sources de Johannes von Müller :
- Le livre blanc de Sarnen (1472)
- Le Tellenlied (1545), sur Guillaume Tell
- Le Chronicon Helveticum, par le landamann catholique glaronnais Aegidius Tschudi (1570). Ce texte fut publié à Bâle en 1734-1736.
Pour Johannes von Müller, l'origine de la Confédération suisse se situe en 1307, avec le meurtre du bailli Gessler par Guillaume Tell, le soulèvement des Waldstätten contre les baillis, la destruction de leurs châteaux, après l'assassinat de l'empereur Albert Ier par son neveu en Argovie. Ce texte a inspiré le drame de Schiller (1804).
Le personnage de Tell est sujet à diverses interprétations. Ainsi, lors de la guerre des paysans (1653), on note l'existence dans l'Entlebuch (canton de Lucerne) de trois insurgés, désignés comme les « Trois Tell ».
Deux événements se produisent en 1760 :
- découverte du Pacte de 1291 à Stans (document actuellement déposé aux Archives du canton de Schwyz) : conclu « au début du mois d'août 1291 », après la mort de l'empereur Rodolphe de Habsburg, ce pacte entre Uri, Schwyz et Obwald renouvelle « une ancienne confédération », cela « pour faire face à la malice des temps ». Il est stipulé que « chacun devra rester soumis à son seigneur » - ce qui dénote le caractère non-révolutionnaire du document – et qu'il ne sera pas reconnu « de juges étrangers ». Il n'y a aucune volonté de séparation du Saint Empire romain germanique – au sein duquel, au cours du XIIIe siècle, les Waldstätten ont obtenu « l'immédiateté impériale », c'est-à-dire un lien de vassalité directe avec l'empereur (situation commode par rapport à la structure de la société féodale, le suzerain étant très éloigné...).
- publication d'une brochure – Guillaume Tell, légende danoise -, qui sera brûlée par le bourreau sur la place d'Altdorf (canton d'Uri), sur l'ordre du gouvernement uranais, ulcéré que l'existence du héros tutélaire de ce canton soit ainsi niée (le même sort sera réservé deux ans plus tard, à Genève, à l'ouvrage de Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social...).
En 1835, l'historien lucernois Joseph-Eutych Kopp publia un ouvrage, Urkunden zur Geschichte der eidgenössischen Bünde. Basé sur les seules sources écrites, il remit en cause les thèses contenues dans l'ouvrage de Johannes von Müller, « réhabilitant » la dynastie des Habsburg – au pouvoir en Autriche -, un point de vue bien accueilli à la cour impériale de Vienne. Car loin d'être un révolutionnaire, Kopp fut membre du gouvernement conservateur-catholique (1841-1845), de Siegwart-Müller (le principal concepteur du Sonderbund – alliance séparée de 7 cantons catholiques contre la révision du Pacte fédéral de 1815).
3) Aux origines du 1er août
Durant une quarantaine d'années après la fondation de l'Etat fédéral, le pouvoir central est monopolisé par les radicaux : ils détiennent une majorité au Parlement et les 7 sièges du Conseil fédéral. Ce n'est qu'en 1891 qu'ils ouvrent la porte du gouvernement au conservateur-catholique lucernois Josef Zempf. Cette même année, le 1er août est décrété fête nationale.
Depuis les années 1880, pourtant, la domination du parti radical est remise en cause. Le parti fondateur de l'Etat fédéral, dominé par une bourgeoisie affairiste (Alfred Escher, à Zurich) est secoué par des scandales financiers ou personnels. Il a viré à droite, reléguant au musée les aspirations révolutionnaires de ses fondateurs dans les années 1830. D'une part, hormis les conservateurs-catholiques, apparaît une droite national-conservatrice sur le Plateau suisse – capable de gagner des référendums contre des projets gouvernementaux ; d'autre part, à la troisième tentative (la première en 1870), les socialistes réussissent à se constituer en parti indépendant.
Deux exemples : le destin de deux radicaux bernois :
- le journaliste Ulrich Dürrenmatt (grand-père de l'écrivain Friedrich Dürrenmatt) rejoint la droite conservatrice : anti-socialiste, anti-féministe, anti-étrangers, anti-sémite (1).
- Albert Steck, appartenant à l'aile gauche du parti radical, quitte cette formation pour participer à la fondation du Parti socialiste suisse, dont il sera le premier président.
La volonté de réconciliation entre radicaux et conservateurs catholiques pour faire face au socialisme et au syndicalisme naissants exige donc une date de fête nationale consensuelle (ce que n'aurait pas été le 12 septembre, date de l'entrée en vigueur de la Constitution de 1848 – celle-ci n'ayant pu être imposée préalablement que par la liquidation militaire de l'alliance séparatiste du Sonderbund !). Le Conseil fédéral avait le choix entre le 1er août 1291 (dont l'existence est attestée par le manuscrit du Pacte) et le 17 novembre 1307 (en référence à l'ouvrage de Johannes von Müller). Or, la recherche historique au cours du XIXe siècle atteste du caractère légendaire de cette deuxième date. Le 1er août l'emportera donc.
4) Vers la « défense nationale spirituelle »
La crise d'hégémonie radicale se traduit au début du XXe siècle par la montée d'idéologies conservatrices anti-démocratiques :
- en Suisse allemande, existence d'une admiration effrénée pour le IIe Reich allemand de Guillaume II au sein des élites politiques et militaires (adoption des méthodes prussiennes – « drill » - au sein de l'armée suisse, grâce notamment au futur général Ulrich Wille). L'empereur sera reçu en grande pompe, lors de sa visite en Suisse (1912), par l'ensemble des corps constitués. Une attitude critiquée dans la Tagwacht (journal du Parti socialiste bernois, dirigé par Robert Grimm) par une caricature montrant le héros légendaire Guillaume Tell utilisant, à la place de sa célèbre arbalète, une brosse pour cirer les bottes impériales...
- en Suisse romande, une série d'intellectuels adoptent les thèses de l'Action française (organisation royaliste, dirigée par Charles Maurras). Elle rejette explicitement l'héritage de la révolution française et revendique la restauration de la monarchie. L'un des principaux propagandistes de l'Action française en Suisse romande est le comte fribourgeois Gonzague de Reynold, dont un biographe – très critique – dira qu' « il a trempé durant un demi-siècle dans tous les coups de l'extrême-droite » (Aram Mattioli, Gonzague de Reynold, idéologue d'une Suisse autoritaire. Fribourg, Ed. universitaire, 1997).
L'idéologie de ces droites conservatrices, des deux côtés de la Sarine, est expliquée, de manière extrêmement documentée, dans l'ouvrage de Hans-Ulrich Jost (professeur émérite de l'Université de Lausanne), Les avant-gardes réactionnaires : la naissance de la nouvelle droite en Suisse, 1890-1914. Lausanne, Ed. d'En Bas, 1992.
Cet ouvrage explique le contexte idéologique très dur dans lequel aura lieu la grève générale de 1918. En 1912, Gonzague de Reynold participe à la fondation de la Nouvelle Société helvétique (NSH). Au contraire de sa lointaine ancêtre, la Société helvétique (fondée à Schinznach, en 1761-1762, par des personnalités appartenant à des courants réformateurs au sein de l'ancienne Confédération), la NSH est une formation extrêmement conservatrice. Durant la 1ère guerre mondiale, Gonzague de Reynold est affecté au Département de presse de l'armée suisse, commandée par le très germanophile général Ulrich Wille (2).
Conséquence immédiate de la grève générale, la formation d'un bloc politique anti-socialiste, qui se traduit dans la composition du gouvernement fédéral : entrée en 1919 d'un second conservateur-catholique, le Fribourgeois Jean-Marie Musy (3) ; en 1929, dix ans après sa fondation, le Parti des paysans, artisans et bourgeois (ancêtre du SVP-UDC) entre au Conseil fédéral, avec Rudolf Minger (chef du DMF).
Il existe deux composantes au sein du PAB : la plus connue, la paysannerie représentée par l'Union suisse des paysans, fondée au début du XXe siècle par un organisateur efficace, le docteur Ernst Laur ; la seconde, les groupes para-militaires formés lors de la grève générale de 1918, les « gardes civiques » (qui tireront en 1919 sur une manifestation ouvrière à Bâle) et dont l'une des personnalités les plus connues est le colonel divisionnaire Eugen Bircher (4)
En 1938, le Conseil fédéral mit en place la « Défense nationale spirituelle du pays ». Une opération dirigée par le conseiller fédéral Philipp Etter, conservateur-catholique zougois (5), avec le concours de l'incontournable Gonzague de Reynold. Etter se déclarait partisan d'une démocratie autoritaire, basée sur les valeurs traditionnelles suisses et donc n'ayant rien à voir avec la vision de la démocratie héritée de la révolution française (6).
Cette vision rétrograde se traduit, dans le domaine des mœurs, par l'apologie d'un rôle subordonné des femmes dans la société (action de Pro Familia, basé sur une vision catastrophiste de la dénatalité menaçant pour la démographie suisse), une vision qui s'étend jusqu'aux modes vestimentaires (dénonciation en 1940 par une circulaire officielle du « courtisanenhaften Girltyp », qualifiant les nouvelles modes d'habillement de prostituée !). Autre ingérence dans la culture : la volonté de limiter la diffusion du jazz (musique venue des Etats-Unis, mais ayant le tort d'avoir des concepteurs et des exécutants noirs).
Preuve de la nature rétrograde de la « défense spirituelle », en 1940, Etter sera considéré par les milieux d'extrême-droite, adeptes d'une « rénovation nationale », comme un possible landamann de la Suisse (fonction ayant existé durant le régime de l'Acte de Médiation, 1803-1813, et réhabilitée par l'extrême-droite à la recherche d'un « homme fort »).
C'est dans ce contexte qu'il faut voir la création de la Ligue du Gothard – présentée abusivement comme une organisation de résistance au nazisme et au fascisme. Ses statuts font référence à la Suisse chrétienne et proscrivent la présence en son sein des juifs et des franc-maçons. En fait, sa direction est majoritairement dominée par une droite corporatiste et autoritaire (malgré la présence dans ses rangs sociaux-démocrates droitiers, tel le professeur neuchâtelois Philippe Müller ou le président de la FOMH, Karl Ilg – signataire de la « paix du travail » en 1937).
Après la 2e guerre mondiale, la « défense spirituelle » sera utilisée dans la politique de « chasse aux sorcières » contre les communistes et plus largement contre les milieux contestataires. Par conséquent, prétendre – comme l'affirme un article du Dictionnaire historique de la Suisse (DHS) – que la « défense spirituelle » visait à défendre la démocratie contre les « totalitarismes de droite et de gauche » relève de la désinformation pure et simple.
De cette période date l'idéologie dominante au sein de la société suisse, qui se traduit dans les manuels d'histoire utilisés jusqu'à récemment dans l'enseignement.
5) Position(s) de la gauche politique et syndicale
La première association ouvrière (fondée en 1838) avait pour nom Société du Grutli. Bien qu'ayant ensuite rejoint les rangs du Parti socialiste (en 1901), le Grutli – dont l'un des plus illustres représentants fut un ouvrier allemand, devenu citoyen suisse, Hermann Greulich – représenta une aile extrêmement modérée du mouvement ouvrier (7). Greulich rédigea des articles sur l'histoire suisse, reposant sur les sources alors disponibles : J. von Müller, Heinrich Zschokke.
Sous réserve d'informations complémentaires, il apparaît que les points de vue les plus distants par rapport à l'histoire officielle au sein de la gauche politique et syndicale furent développés par Robert Grimm (dirigeant du PSS au début du XXe siècle), dans son ouvrage Geschichte der Schweiz in ihren Klassenkämpfen (8), bien que des historiens comme Marc Vuilleumier (Genève) émettent quelques réserves sur un ouvrage rédigé dans les conditions peu optimales d'une détention de plusieurs mois. Autre contribution : en 1941, à l'occasion du 650e anniversaire du Pacte de 1291, l'historien socialiste Valentin Gitermann publia une nouvelle histoire de la Suisse (9).
Depuis lors, l'intégration du Parti socialiste au consensus gouvernemental depuis 1943 a débouché sur une intégration similaire de la vulgate historique officielle, peu remise en cause dans ses rangs. Ainsi, lors des élections fédérales de 2003, il a cru devoir concurrencer l'UDC en se réclamant des « Trois Suisses du Grutli » (10).
Plus récemment, deux citations se révèlent extrêmement problématiques :
« Pour moi, le Grutli symbolise la fondation de la Suisse moderne, démocratique et multiculturelle que nous connaissons » (Micheline Calmy-Rey, conseillère fédérale socialiste, 1er août 2007)
« La gauche a été nulle d'abandonner à l'UDC le folklore suisse » (Marianne Huguenin, syndique POP à Renens, in : Le Matin-Dimanche, 13.9.2015)
Autre question : pour contrer les « faux patriotes » du SVP-UDC, est-ce opportun, comme l'ont fait cette année les jeunes alternatifs bernois, de brûler le drapeau suisse officiel, lors d'un « anti-1er août » ?
Ne conviendrait-il pas plutôt – à l'instar des militant-e-s de la gauche radicale dans l'Etat espagnol, arborant dans les manifestations le drapeau tricolore de la IIe République (rouge-or-violet) – de ressusciter le drapeau tricolore de la République helvétique (vert-rouge-or, à l'horizontale, avec la mention « Helvetische Republik/République helvétique » dans la partie rouge) ? (11).
6) Points de vue marxistes
Enfin, pour conclure, la gauche radicale post-68 a peu (ou pas) rendu compte des points de vue sur les origines de la Suisse formulés par Marx, Engels, Kautsky et Rosa Luxemburg (12). Pourtant, il s'agit de points de vue iconoclastes par rapport à la vulgate historique ayant fait l'objet de cet atelier...
7) Remerciements...
Je suis redevable aux historiens Marc Vuilleumier, Charles Heimberg, Hans-Ulrich Jost, et au journaliste Gérard Delaloye qui ont démystifié la vulgate historique ;
Ainsi qu'au regretté Alfred Rufer (1885-1970), archiviste bernois et membre de la Société des études robespierristes (France) – grâce à laquelle une partie de l'œuvre de Rufer a été traduite en français -, pour son article « Helvétique (République) » dans le Dictionnaire historique et biographique de la Suisse, lequel article a rétabli les faits (sans rien cacher des faiblesses) sur cette période oubliée de l'histoire suisse.
Hans-Peter Renk
1) En 1893, Ulrich Dürrenmatt mena campagne pour une initiative interdisant l'abattage rituel des animaux – un vote visant directement la communauté juive, seule alors à pratiquer ce rite, vu l'inexistence d'une communauté musulmane en Suisse.
2) Partisan de l'entrée en guerre de la Suisse au côté du IIe Reich, le général Wille fut le principal responsable de la « stratégie de la tension », débouchant sur la grève générale en novembre 1918.
3) Démissionnaire en 1934, Jean-Marie Musy côtoiera de très près l'extrême-droite, y compris nazie.
4) Admirateur d'Adolf Hitler, organisateur de missions médicales aux côtés de l'armée allemande en Russie, durant les années 1941-1943, Eugen Bircher fut suspecté – à juste titre – d'être un candidat crédible au poste de gauleiter de la Suisse, en cas d'invasion allemande !
5) Cf. Hans-Ulrich Jost, « Politique culturelle de la Confédération et valeurs nationales » : http://home.citycable.ch/josthistoire/styled-6/index.html
6) Le traducteur des discours de Philipp Etter en français, l'helléniste neuchâtelois Georges Méautis, était un admirateur de la dictature hongroise du régent Miklos Horthy. On trouve à la BPUN le compte-rendu d'un voyage effectué en Hongrie par Méautis (1942).
7) Sur la Société du Grutli, cf. notice du DHS :www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F17397.php
8) « Le livre écrit par Robert Grimm lors de son séjour en prison après la grève générale (...) est de ce point de vue très instructif. Son ouvrage présente en effet la Suisse moderne comme l'aboutissement d'un développement logique et progressif dont les étapes décisives sont la Révolution helvétique, les mouvements libéraux de 1830 et la fondation de l'Etat fédéral » (Hans-Ulrich Jost, « L'importance de la grève générale dans l'histoire de la Suisse », A tire d'ailes. Lausanne, Antipode, 2005)
9) « Ouvrage de circonstance, rédigé rapidement, il n'est pas exempt d'erreurs et comporte nombre de lacunes, mais sa perspective est originale et avait le grand mérite, au moment de l'apogée du nazisme et du fascisme, de donner une vue claire et convaincante de la tradition libérale et démocratique en Suisse, depuis la fin du XVIIIe siècle, et cela alors que cette tradition était justement passée sous silence au profit d'une exaltation des valeurs mythiques de la Suisse primitive par une historiographie profondément réactionnaire » (Marc Vuilleumier, « Quelques jalons pour une historiographie du mouvement ouvrier en Suisse », Cahiers Vilfredo Pareto, t. XI, 1973, no 29)
10) Cf. sur notre site : www.solidarites.ch/ne/tribune/342-quand-le-ps-recupere-une-mythologie-conservatrice
11) Cf. un article à ce propos : www.solidarites.ch/journal/d/article/5072/Helvetiquement-votre-Cette-panosse-qui-se-ganguille-au-bout-du-mat
12) Cf. Rosa Luxemburg et Max Frisch. Lénine a abordé la politique suisse essentiellement au travers de ses contacts avec la gauche du Parti socialiste (Fritz Platten, Jules Humbert-Droz), à laquelle il suggère un certain nombre de tâches politiques en 1916-1917. Trotsky a rédigé une lettre concernant la répression d'une grève des ouvriers monteurs en chauffage zurichois (1932), où la police de la municipalité socialiste ouvrit le feu. Dans son essai « Leur morale et la nôtre » (1938), il ironise sur le fait que « les bourgeois conservateurs suisses décernent encore des éloges officiels au terroriste Guillaume Tell ».
Quelques lectures suggérées
Friedrich Engels, « Die Schweizer Bürgerkrieg », Deutsche Brüsseler Zeitung, Nr. 91 (14.11.1847): www.mlwerke.de/me/me04/me04_391.htm
Bert Andréas, « Marx/Engels, la Suisse et le Jura », La Première Internationale et le Jura. Porrentruy, Société jurassienne d'émulation, 1972
Charles Heimberg, Un étrange anniversaire, ou, Le centenaire du premier août. Genève, Ed. Que faire, 1990
Rosa Luxemburg, La question nationale et l'autonomie. Pantin, Le Temps des Cerises, 2001. Cf. 31-33, 93-95 sur la Suisse
François Walter, Histoire de la Suisse. T. 1 : L'invention d'une Confédération. Neuchâtel, Ed. Alphil, 2009 (Collection Focus, 1)
Max Frisch, Guillaume Tell pour les écoles. Genève, Héros-Limite, 2014
Charles Heimberg, 1er août, la fête nationale suisse est à côté de la plaque :