À l’heure où certains augures croient déceler les premiers signes avant-coureurs de la reprise, la crise n’a de loin pas encore fini de déployer tous ses effets : depuis le début de l’année, c’est le nombre de chômeurs qui explose ; aujourd’hui, ce sont les recettes fiscales qui chutent ; demain, avec l’épuisement du droit aux indemnités de chômage, ce sont les dépenses d’aide sociale qui vont s’envoler.

 

Lorsque la reprise sera là, les choses vont se rétablir, mais malheureusement exactement dans le même ordre : on commencera par observer une embellie sur le front du chômage, suivie d’une amélioration des recettes des collectivités publiques et, seulement plus tard, d’une lente décrue du nombre de bénéficiaires de l’aide sociale. Et le plus inquiétant, c’est de constater que le socle apparemment incompressible de ceux qui sont durablement éjectés du monde du travail est à la sortie de chaque crise plus élevé que lors du cycle précédent.

 

Pour les collectivités publiques, la tâche n’est pas simple puisqu’on attend d’elles qu’elles viennent en aide aux victimes de la crise au moment même où cette dernière les prive des moyens financiers pour le faire ! À tout le moins, doivent-elles poursuivre leur effort en faveur de la formation, principal atout des travailleurs sur le marché, et faire preuve de réalisme en soutenant la création d’entreprises sociales pour celles et ceux qui en ont été durablement exclus.

 

Daniel Perdrizat

Directeur des affaires sociales