gothard

En 1994, le peuple acceptait l'initiative des Alpes demandant que les régions alpines soient protégées du trafic de transit. En clair, le transport de marchandises devait être transféré de la route au rail et le nombre de camions en transit réduit à 650 000 par an. Vingt ans après, ce sont plus de 1,1 million de camions qui franchissent toujours nos montagnes chaque année !

 

Comme si cela ne suffisait pas, les chambres fédérales viennent de voter en faveur du creusement d'un deuxième tube routier au Gothard, garantissant ainsi le non-respect de la volonté populaire inscrite dans la Constitution. Un référendum est sur le point d'être lancé par une large coalition... avec le soutien de solidaritéS.

Double langage gouvernemental

« Nous avons besoin d'une vision, d'une volonté politique et d'instruments qu'il faudra traduire en engagements et en actes [...] il faut agir maintenant.»Difficile de croire que deux jours à peine après avoir prononcé ces (sages) paroles lors du récent sommet sur le climat de l'ONU à New-York, la Conseillère fédérale Doris Leuthard faisait devant le Conseil national un plaidoyer tout aussi vibrant en faveur du creusement d'un deuxième tube routier au Gothard dont les conséquences en matière d'aspiration de trafic de camions de toute l'Europe et d'émissions de CO2seraient à coup sûr dramatiques.

« 1   1 = 1 »... vraiment ?

Les défenseurs du projet jurent la main sur le cœur que ce deuxième tube ne servira jamais à augmenter la capacité routière. En effet, le tunnel actuel est bidirectionnel et a besoin d'une réfection. Les partisans du deuxième tube veulent que celui-ci serve donc comme tunnel bidirectionnel de substitution pendant les travaux de réfection du tube actuel, puis, une fois ceux-ci terminés, qu'on utilise, pour de prétendues raisons de sécurité, les deux tunnels de manière unidirectionnelle (une voie chacun), n'augmentant au final jamais la capacité totale.

Chacun sait pourtant qu'il n'en est rien : sous la pression des lobbies, l'ouverture des deux tunnels à pleine capacité à terme (4 voies en tout) est une quasi-certitude, en particulier en période de bouchons saisonniers. Or, cela créera un appel d'air pour les camions de toute l'Europe, en contradiction flagrante avec la volonté populaire !

Non à un trou à 2 milliards

Des solutions existent pourtant pour parer à la fermeture du tunnel durant les travaux : transfert de la route au rail (le nouveau tunnel de base ferroviaire ouvrira en 2016) notamment par une chaussée roulante (voitures et camions chargés sur les trains), ouverture des cols prolongée, travaux durant les mois les moins chargés en trafic, etc.

Ce nouveau tube ne répond à aucun besoin réel, sauf peut-être de l'avidité des milieux de camionneurs et de la construction qui y voient une manne, puisque le budget total est estimé à plus de 2 milliards. Pour préserver les Alpes d'un nouvel afflux de camions et pour que cet argent soit bien plus intelligemment investi (projets d'agglomération, transports publics, ferroutage, etc.), rendez-vous dans la rue dès le 7 octobre pour signer et faire signer ce référendum indispensable !

Thibault Schneeberger

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