Trump a fait campagne en promettant de construire un mur au sud des États-Unis et de contraindre le Mexique à le financer. Ce dernier ayant refusé, Trump essaie maintenant de faire voter un crédit de cinq milliards de dollars.

 

Trump fait désormais face à une nouvelle majorité démocrate au Congrès, dont la porte--parole est Nancy Pelosi. Cette dernière affirme qu'il n'y aura pas de mur parce que ce serait « immoral, inefficace et trop coûteux ». Si le Congrès refuse de voter le financement du mur, Trump menace de déclarer un état d'urgence sécuritaire national et de se servir du budget de la défense pour le financer.

Dans son premier discours télévisé depuis le bureau ovale de la Maison-Blanche, le 8 janvier, Trump a défendu l'idée que le mur était nécessaire pour arrêter les criminel·le·s et les trafiquant·e·s de drogue. Pelosi et Schumer, le dirigeant de la minorité démocrate au Sénat, ont rétorqué que Trump avait créé cette crise de toutes pièces et qu'il devait mettre un terme au shutdown de l'État. Dans son discours, Bernie Sanders a traité le président de menteur et lui a demandé de s'occuper des crises réelles, comme celle du réchauffement climatique.

La lutte entre Trump et Pelosi a mené à une fermeture partielle du gouvernement états-unien. Depuis le début des procédures budgétaires modernes en 1976, il y a eu 21 shutdowns de ce type, qui ont habituellement duré quelques jours. Le shutdown actuel deviendra le plus long de l'histoire ce vendredi 11 janvier, en atteignant 23 jours. Trump se déclare prêt à « fermer » l'État pour des semaines, des mois voire des années.

Travailler sans salaire

Le budget alloué à certaines agences publiques avait déjà été voté avant le shutdown, mais 800 000 salarié·e·s sont aujourd'hui touché·e·s. Environ 380 000 d'entre eux·elles ont été mis·es en congé, alors que 420 000 autres, qui fournissent des services essentiels, doivent pour l'instant travailler sans salaire. Ils et elles seront rémunéré·e·s à la fin du shutdown. Parmi ces personnes, on compte 53 000 employé·e·s de la Transport Security Administration, qui inspectent les passagers·ères, le fret et les bagages des avions. Sont aussi touché·e·s 20 000 contrôleurs·euses aérien·ne·s. Le shutdown se poursuivant, beaucoup d'États-unien·ne·s ordinaires sont affecté·e·s, en particulier les personnes âgées, les gens à bas revenus et les enfants, mais aussi certain·e·s agriculteurs·trices.

Un grand nombre de travailleurs·euses ont déjà manqué un salaire et sont confronté·e·s à des difficultés financières. Des syndicats ont réagi en dénonçant les agissements de Trump, en déposant des plaintes judiciaires et en organisant des protestations. Certain·e·s salarié·e·s se sont fait porter malades.

Une crise migratoire à la frontière?

Trump prétend que le pays est confronté à une crise migratoire, avec des caravanes de migrant·e·s venant d'Amérique du Sud qui envahissent les États-Unis. Dans les faits, depuis 2007 environ, l'immigration a reculé de 12,2 à 10,7 millions de personnes. La véritable crise a pour cause les politiques de Trump, qui ont criminalisé les migrant·e·s, augmenté la détention de ceux et celles qui habitent déjà le pays, et accru le nombre d'arrestations à la frontière.

Alors que, dans le passé, beaucoup de migrant·e·s sans-papiers étaient renvoyé·e·s dans leur pays, ils·elles sont maintenant souvent arrêté·e·s et détenu·e·s, ce qui est aussi le cas de leurs enfants. On a compté jusqu'à près de 15 000 enfants séparé·e·s de leurs parents ou d'autres membres de leurs familles pour être détenu·e·s dans des camps de concentration, où certain·e·s ont été victimes d'abus et de mauvais traitements. Deux enfants dans cette situation sont morts récemment.

En refusant à des migrant·e·s demandeurs·euses d'asile d'entrer aux États-Unis comme ils·elles pouvaient le faire par le passé, Trump est aussi responsable d'une crise au Mexique. Des milliers de migrant·e·s se retrouvent à vivre dans des abris temporaires à Tijuana et dans d'autres villes frontière.

Comme ça a été le cas avec ses politiques tarifaires, le shutdown de Trump a des conséquences pour des gens de sa base politique, qui bénéficient de services d'employé·e·s de l'État ou d'entités déléguées par celui-ci. Un nombre important d'États-unien·ne·s sont déjà dégoûté·e·s et se sentent pris en otage par des politicien·e·s. Mais tant Trump que les démocrates persistent, même s'il est vrai que certains républicains ont commencé à se distancer du président sur la question. Qui cèdera en premier?

Dan La Botz

photo: Daniel Arauz

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