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Construisons les mobilisations. Depuis 23 ans déjà, les gouverne­ments de la plupart des pays du monde se réunissent afin de négocier des accords censés diminuer l'émission des gaz à effet de serre et, ainsi, éviter à l'humanité de subir une crise climatique aux conséquences catastrophiques.

 

On pouvait légitimement douter de la capacité des gouvernements à concevoir une solution écologique à l'intérieur d'un système capitaliste productiviste. Or, après plus de 20 ans de négociations, plus de 20 ans de « conférences des parties » (COP), les émissions de CO2 ont augmenté d'environ 60 % et continuent de croître plus rapidement encore que dans les années 90.

Montée du niveau des océans, désertification, augmentation du nombre et de la force des tempêtes ne sont que quelques exemples des changements climatiques dont les conséquences affectent des populations déjà jugées vulnérables. Alors que l'urgence de la situation est rappelée avec toujours plus d'insistance par les rapports successifs du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) et autres études sur le climat, tout indique que la COP 21 de Paris ne sera pas différente des précédentes. Malgré les messages d'un optimisme hypocrite martelés par les responsables politiques, le constat s'impose : les COP sont un échec.

Face à cette faillite manifeste des négociations gouvernementales et en réponse à l'urgence de la situation, la société civile se mobilise. De grandes manifestations auront lieu dans le monde entier le 28 novembre, puis à Paris à l'occasion de l'ouverture (29 novembre) puis de la clôture du sommet (11 ou 12 décembre). En parallèle, des actions de désobéissance civile sont d'ores et déjà menées en France et ailleurs afin de dénoncer le rôle des instituts financiers et des multinationales dans le dérèglement climatique. Ces actions atteindront leur pic lors des climate games organisés à Paris durant la COP 21.

Contrairement aux précédentes mobilisations, notamment celles qui avaient eues lieu à l'occasion du sommet de Copenhague en 2009, le but n'est plus de faire pression en vue d'un succès des négociations de la COP. Ayant compris que les responsables politiques, entourés des puissants lobbys liés aux énergies fossiles, ne parviendraient pas à mettre en place les solutions nécessaires, la société civile s'empare de ce combat. Comme le résumait la banderole déployée à Marseille lors d'une action sur le climat en décembre 2014 : « Climat : 20 ans de négociations, toujours rien. A nous d'agir ensemble ! ».

L'enjeu des mobilisations autour de la COP 21 est donc la construction d'un front large et uni défendant une société fondée sur le respect de l'environnement. La COP 21 ne sera pas le sommet des puissants d'où sortiront des accords vides de sens, mais le lieu de rencontre et de convergence des mouvements et des personnes en lutte pour un monde meilleur. La fin de la COP ne sera pas la fin des négociations sur le climat, mais la poursuite d'une mobilisation internationale dont les futurs rendez-vous s'organisent déjà.

La Suisse n'est pas l'hôte de la COP 21

Il s'agit cependant du pays d'accueil de nombreuses multinationales aux activités directement ou indirectement liées à l'exploitation des énergies fossiles. La concentration, notamment à Genève, des sièges des plus grands pollueurs, pilleurs et destructeurs de l'environnement de la planète est une situation unique au monde.

Une forte mobilisation dénonçant les activités des multinationales, ainsi que leurs liens et connivences avec le gouvernement helvétique est donc nécessaire. A l'occasion de la COP 21, mais également au-delà, c'est ici, devant les sièges des entreprises qui luttent pour maintenir en place un système injuste et oppresseur mettant en péril notre futur, que la protestation doit être la plus forte.

La mobilisation en Suisse sera également l'occasion de montrer la solidarité internationale en agissant localement, puis en participant aux événements organisés à Paris. Que les citoyennes et citoyens luttant pour la justice climatique et environnementale face aux géants extractivistes sachent qu'ici aussi, dans le « cerveau du monstre », nous nous battons avec eux.

Construisons la mobilisation pour la COP 21 et ce qui suivra. Soyons nombreuses et nombreux le 28 novembre à envoyer un puissant signal vers Paris : la COP ne mènera à rien, peuples du monde entier nous sommes ensemble dans la lutte pour une écologie socialiste.

Florian Martenot