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La souveraineté alimentaire permet à chaque population de définir sa politique agricole et alimentaire. Elle place les humains au cœur des systèmes alimentaires en revendiquant des pratiques locales, saines et durables tout en garantissant des prix, des salaires et des conditions de travail justes.

Votons oui le 23 septembre!

 

OuvriÃres agricoles. Photo: Philipp Schulze

Tenir compte des besoins des paysan·ne·s et de la population

L'industrie agro-alimentaire en Suisse est dominée par un petit nombre d'entreprises de transformation et de distribution qui vise avant tout la à maximiser leurs profits. Si les prix payés aux paysan·ne·s ont baissé de 31% ces 20 dernières années, les prix à la consommation ont augmenté de 5%. Migros et Coop dégagent ainsi les marges de profit les plus élevées d'Europe, sur le dos des producteurs et des productrices, des consommateurs·trices et de leurs propres salarié·e·s. Ainsi le revenu du lait est de 50 centimes le kilo pour les paysan·ne·s alors qu'il coûte 1 franc à la production et qu'en grande surface il est vendu 1,50 franc. En 30 ans, 35 000 fermes et 100 000 emplois ont disparu, engendrant l'agrandissement des fermes, l'endettement des familles paysannes et leur isolement.
→ La souveraineté alimentaire vise une agriculture qui permette aux personnes actives d'en vivre correctement et à la population d'y avoir accès.

Créer des emplois et protéger les conditions de travail

Les travailleuses et les travailleurs agricoles disposent de statuts précaires avec des conditions de travail peu protégées alors qu'ils constituent un maillon indispensable à la chaîne de production. Près de la moitié sont d'origine étrangère et rencontrent des difficultés pour se défendre. En été et selon les cantons, les contrats-types permettent des horaires de travail allant jusqu'à 66 heures hebdomadaires pour un salaire de misère. Les denrées importées, comme les fraises ou les tomates, sont majoritairement produites dans de grandes exploitations aux conditions de travail difficiles. Ce système met en concurrence les travailleuses et les travailleurs quelle que soit leur situation géographique.
→ La souveraineté alimentaire crée des emplois et améliore les conditions de vie et de travail dans l'agriculture.

Répondre au changement climatique

L'allongement de la chaîne de production alimentaire mondiale éloigne toujours plus la production de la consommation. Cela favorise l'appropriation des différentes étapes par des entreprises agro-industrielles et la perte de l'autonomie des paysan·ne·s. Ainsi, entre 44% et 57% du total des émissions de gaz à effet de serre proviennent du système alimentaire mondial, qu'il s'agisse de l'agriculture proprement dite, de la déforestation, du transport, de la transformation et de l'emballage des aliments, ou encore de la congélation et de la consommation. Ce système est incapable de satisfaire les besoins alimentaires des populations alors que les paysan·ne·s produisent assez de nourriture. Suite à la crise alimentaire de 2007–2008, le chiffre d'un milliard de personnes souffrant de la faim a été atteint.
→ La souveraineté alimentaire favorise la relocalisation de la production et les échanges directs dans une optique durable et démocratique.

Interdire les OGM

Depuis un demi-siècle, nous assistons à un appauvrissement drastique de l'agrodiversité. La conservation, la multiplication et l'échange de semences paysannes ont garanti une diversité biologique des siècles durant. Limiter le droit à la multiplication et commercialisation des semences ainsi que les OGM renforcent l'asservissement des paysan·ne·s aux entreprises agro-industrielles et agrochimiques. Les OGM en particulier créent des problèmes écologiques et sanitaires importants par l'usage excessif d'herbicides et de pesticides, sans apporter de réel bénéfice. Cette restriction par des accords commerciaux protège donc les intérêts des firmes semencières dont trois grands groupes détiennent aujourd'hui 60% du secteur des semences et se livrent une guerre commerciale sans merci avec des conséquences sociales et environnementales désastreuses.
→ La souveraineté alimentaire interdit l'utilisation d'OGM et garantit l'utilisation, la multiplication, l'échange et la commercialisation de semences pour les paysan·ne·s.

 

UN TRIPLE OUI!

En plus de l'initiative «Souveraineté alimentaire», nous appelons à voter oui à deux autres objets fédéraux le 23 septembre prochain.

Tout d'abord, le contre-projet à l'initiative Pro Vélo, dont l'objectif est d'inscrire – enfin! – le vélo dans la Constitution fédérale. Les avantages aussi bien écologiques qu'en termes de santé publique de la bicyclette ne sont plus à démontrer. Mais le texte, aux ambitions déjà modestes à l'origine, a été édulcoré par les chambres fédérales qui lui ont retiré tout caractère contraignant. Il reste toutefois indispensable que le oui l'emporte afin d'augmenter la pression et créer les aménagements cyclables qui font trop souvent défaut sur nos routes.

Aliments équitables

Nous soutenons aussi l'initiative « Pour des aliments équitables ». Celle-ci demande de renforcer l'offre de denrées alimentaires sûres et de bonne qualité, produites dans le respect de l'environnement et des animaux, et dans des conditions de travail « équitables ». Bien que le texte vise davantage à réguler le libre-échange qu'à le questionner, il présente un certain intérêt. Instaurer de nouvelles normes – valables aussi pour les importations – peut en effet servir de point d'appui pour les luttes visant à améliorer les conditions sociales et environnementales de production de notre alimentation. Le 23 septembre, c'est donc trois oui qu'on glissera dans l'urne.

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