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Communiqué de presse · 8 mars 2015

Loi sur la police : une défaite au goût de victoire !
Un score au rabais pour la loi M-Maudet...

Le résultat très serré (42 voix d'écart) de ce vote est déjà une victoire pour les opposants à la LPol qui ont fait face à une campagne massive émanant d'une union sacrée entre les milieux bourgeois et le centre-gauche, alignés-couverts derrière Pierre Maudet. La campagne offensive du comité unitaire de gauche a porté ses fruits en portant la critique de la loi sur ses aspects néolibéraux, liberticides et antisyndicaux.

 

 

Un NON de gauche

La Ville de Genève, et en particulier les quartiers populaires votant traditionnellement à gauche (Pâquis, Mail-Jonction, Cropettes, etc.) ont clairement rejeté la LPol, montrant par là-même la pertinence d'une opposition de gauche. C'est bien par cette position et par les arguments bien spécifiques déployés pendant la campagne, que tant de votant·e·s dans ces quartiers ont été convaincus.

 

Un NON syndical

L'alliance entre Ensemble à Gauche et les syndicats du privé comme du public (CGAS, UNIA, SSP, SIT, Cartel Intersyndical) a notamment permis de mettre en exergue le caractère profondément anti-syndical de la loi. Le Conseil d'Etat a voulu faire de la LPol un bélier pour affaiblir les syndicats des services publics, en commençant par la police, mais la population ne s'est pas laissée berner. Après les importantes mobilisations de ces derniers mois pour dire « Touche pas à mes services publics », le NON syndical a rencontré un fort écho. NON il n'est pas question de brader nos services publics, d'ouvrir la voie à leur privatisation, ni d'accepter le dumping salarial!

 

Une union sacrée en échec
Ce score très serré doit aussi être compris comme un échec de l'union sacrée de partis « gouvernementaux ». En effet, cette campagne aura été l'occasion d'une alliance douteuse qui a vu figurer sur les mêmes tracts de campagne (en défense notamment d'une police « 100% Suisse ») des figures du PS et des Verts aux côtés de personnalités PLR particulièrement marquées à droite. Ce mélange des genres plutôt problématique a clairement montré ses limites, et a en partie été sanctionné dans les urnes.

 

Un désaveu du Conseiller d'Etat et de ses méthodes autoritaires
Le gouvernement sort très clairement affaibli de cette votation. Là où Pierre Maudet, qui a fait de cette loi un enjeu très personnel, attendait sans doute un plébiscite, il rencontre une opposition largement plus forte que prévue. Ce résultat est un affront, en particulier si l'on considère le recours au soutien massif des milieux bourgeois (jusqu'à la Chambre genevoise immobilière entrée en campagne in extremis), en rangs serrés derrière le Conseiller d'Etat PLR. Les votant·e·s ont ainsi voulu signifier leur désaccord profond avec la politique menée par M. Maudet, tant sur le fond (liberticide) que sur la forme (autoritaire).

 

Le combat continue !
Pour nous, il s'agira désormais de faire preuve de la plus grande vigilance en ce qui concerne l'avenir de la police genevoise, tant cette loi ouvre la porte à des dérives dangereuses. Nous combattrons pied à pied toute velléité de privatisation rampante des tâches d'autorité et toute tentative de dumping salarial, en particulier en ce qui concerne le recours à des ASP (agents de sécurité publique) pour effectuer des tâches jusqu'ici du ressort de la police. Nous poursuivrons également notre combat contre le caractère arbitraire des mesures d'éloignement, et suivrons de très près les suites données aux 3 articles anticonstitutionnels contenus dans cette LPol, et déjà annulés par le Tribunal fédéral.

 

Taxe sur l'énergie : refus d'une fausse piste...mais l'urgence d'agir pour une révolution énergétique est toujours là !

solidaritéS se réjouit du refus de l'initiative des Verts Libéraux visant à remplacer la TVA par une taxe sur l'énergie, mais tient à rappeler qu'en la matière, le statu quo est insoutenable : nous devons donc travailler au plus vite à des propositions alternatives en matière de décroissance énergétique.

 

Une initiative antisociale, qui prend le problème à l'envers

Cette initiative aurait eu un effet très inégal sur la consommation d'énergie : elle aurait frappé d'abord les plus bas revenus et les consommateurs les plus « captifs », tout en épargnant les plus nantis. Ainsi, si un riche propriétaire peut facilement isoler sa maison individuelle aux meilleures normes et y installer des panneaux solaires, ce n'est pas le cas du locataire d'un immeuble, totalement tributaire du propriétaire et de sa volonté de rénover ou non. En ce qui concerne les transports, même si en zone urbaine la marge de manœuvre individuelle est plus grande qu'en rase campagne, vouloir changer les comportements simplement par une hausse massive du prix de l'essence c'est prendre le problème à l'envers, car la transition vers des transports écomobiles est avant tout un question de choix collectifs politiques : aménagement du territoire, développement des transports collectifs et de leur gratuité, réduction des capacités routières et des parkings, etc.

À ce propos, on notera que les initiateurs du texte (Verts Libéraux) sont à Genève de fervents soutiens à la construction d'une traversée autoroutière du lac, ce qui est pour le moins paradoxal ! Quant à l'abolition de la TVA, on peut légitimement douter qu'elle aurait mené à une baisse équivalente des prix, les commerçants en profitant sans aucun doute pour augmenter leurs marges.

 

Energie : il faut agir !
Ceci dit, l'urgence d'une révolution énergétique reste là : la catastrophe climatique en cours nous impose de nous débarasser au plus vite de notre dépendance aux énergies fossiles, et une sortie immédiate du nucléaire est indispensable pour des raisons évidentes de sécurité. Pour solidaritéS, il faut privilégier des mesures collectives et globales portant sur les choix de société avant des mesures de marché qui font reposer la transition énergétique sur les comportements individuels » : plan ambitieux de rénovation des bâtiments (avec financement conjoint des propriétaires et de l'Etat, avec une reprise en mains publiques d'un maximum de terrains et de bâtiments), soutien massif au développement des énergies renouvelables avec arrêt immédiat des subventions directes et indirectes aux énergies fossiles, tarifs progressifs de l'énergie (gratuité pour les besoins fondamentaux et renchérissement important du « mésusage »), instauration d'une taxation du kérosène, aides ciblées à la transition énergétique des foyers en situation de « précarité énergétique », développement des transports publics à des prix attractifs, moratoire sur l'extension du réseau routier, diminution importante des places de parking en Ville, développement de la mobilité douce, etc.

 

Politique des caisses vides :
NON à l'initiative du PDC, mais le combat continue!

solidaritéS se réjouit que la population ne soit pas tombée dans le piège de l'initiative promettant d'« aider les familles ». En effet, la défiscalisation des allocations familiales aurait créé un trou dans les caisses de la Confédération (1 milliard de manque à gagner, voire davantage !) pour offrir des avantages en particulier aux familles n'en n'ayant pas besoin, et ceci à l'heure où la plupart des cantons votent des budgets d'austérité qui laminent les services publics, l'aide sociale, les budgets d'éducation... et où ce sont les plus précarisés qui en font les frais, notamment les familles.

Nous défendons une politique qui, au contraire, vise à soulager les familles dans le besoin et à améliorer les prestations en terme d'éducation : augmentation des places en crèche (comme l'ont défendu sans relâche les élu·e·s de solidaritéS au sein d'Ensemble à Gauche, notamment au niveau municipal en Ville de Genève), renforcement de l'enseignement public et du soutien scolaire, etc. Ce n'est pas en baissant les impôts des nantis que nous y parviendrons ! Cette initiative a heureusement raté sa cible, mais nous poursuivrons la lutte contre la politique des caisses vides ces prochaines années : en particulier la troisième réforme de l'imposition des entreprises (RIE III) qui générerait des centaines de millions en moins dans les caisses de l'Etat.

 

pour solidaritéS (membre d'Ensemble à Gauche),
Pablo Cruchon - Thibault Schneeberger