Logo

forfaits fiscaux ecopop

Communiqué de presse · 30 novembre 2014

 

Forfaits fiscaux : le statu quo plutôt que la justice

Le climat de peur installé par la campagne patronale massive l'a emporté sur la question de la justice. Dans un contexte d'instabilité sociale et économique alimenté par la droite, les citoyen-nes genevois-es ont décidé de ne pas abolir les forfaits fiscaux, pratique pourtant unanimement reconnue comme injuste.

Un OUI aurait pu changer la dynamique dans laquelle nous nous trouvons : cette votation aurait pu être le point de départ pour lutter contre le creusement des inégalités, contre la misère qui augmente et contre les budgets d'austerité qui se multiplient.

 

Un climat de peur artificiel

Tout d'abord il faut analyser le contexte dans lequel s'inscrit ce vote. Des années de baisses d'impôts successives portées par la droite en faveur des plus nantis ont créé artificiellement une situation budgétaire tendue, rendant impossible tout débat serein sur la question de la justice fiscale et de la répartition des richesses. La droite et les milieux patronaux ont su jouer de ce climat tendu pour verrouiller toute remise en cause même minime de pratiques pourtant clairement injustes, inéquitables et particulièrement opaques.


Un débat à poursuivre

Nous nous félicitons toutefois d'avoir pu mettre sur la place publique la question de la fiscalité et des privilèges particulièrement scandaleux accordés aux plus riches parmi les riches. Le résultat n'entame pas notre détermination à poursuivre et approfondir ce débat fondamental pour une véritable répartition des richesses, notamment en vue des prochaines échéances politiques. La réforme de l'imposition des entreprises III, l'initiative pour l'intoduction d'un impôt fédéral sur les successions sont autant d'enjeux centraux pour ces prochaines années.

Pour une justice fiscale au niveau international

Nous souhaitons que ces débats soient abordés sous l'angle du bien commun et de l'intérêt général de la majorité de la population, à l'échelle locale comme internationale, en refusant le chantage systématique à la délocalisation des grandes fortunes et des entreprises. Ces questions doivent s'inscrire dans une solidarité internationale avec les peuples en lutte contre les politiques d'austérité. La Suisse ne peut plus et ne doit plus être un trou noir qui siphonne les rentrées fiscales légitimes des Etats voisins, mettant à mal leurs services publics et leurs systèmes de protection sociale, au détriment de l'écrasante majorité de la population. La sous-enchère fiscale internationale, qui ne profite en réalité qu'au 1% de plus riches, doit cesser d'imposer sa loi aux peuples.

 

Ecopop : un refus cinglant

Nous nous réjouissons que les Genevois·e·s ne soient pas tombés dans le panneau d'une initiative faussement écologiste et authentiquement raciste, qui visait, de manière absurde, à faire reposer sur les migrant·e·s la responsabilité de la crise écologique. Cette initiative, sous des intentions prétendument « vertes », cachait des conséquences potentiellement dévastatrices pour les travailleurs·euses étrangers. En effet, une acceptation du texte aurait eu pour conséquence une précarisation massive du statut des travailleurs·euses étrangers, renforçant la part des permis provisoires, avec pour conséquence une augmentation de la concurrence entre travailleurs·euses.

La question de la crise écologique globale qui menace les écosystèmes et les populations à l'échelle locale et internationale mérite d'être prise au sérieux. Pour y répondre, il faut s'attaquer à la racine du problème, à savoir au système capitaliste productiviste toujours plus assoiffé de croissance et de profits. C'est au côté des populations victimes de ce même système qu'il faut lutter, et certainement pas en inventant de prétendus problèmes de « surpopulation étrangère » qui ne font qu'alimenter le terreau du racisme, déjà bien présent en Suisse.

 

Pablo Cruchon - Thibault Schneeberger