Communiqué de presse · Mardi 22 décembre 2015
Les autorités genevoises essaient aujourd'hui même d'expulser un des membres de No Bunkers au mépris de ses droits élémentaires et en ne le laissant pas partir volontairement.
Les autorités genevoises démontrent aujourd'hui une fois encore leur manque de bon sens et le peu de cas qu'elles font de la dignité des migrant-e-s.
Monsieur K., ressortissant tunisien âgé de 30 ans, présent en Suisse depuis plus de trois ans et engagé cet été dans la lutte contre l'hébergement des migrants en sous-sol, n'a pas de statut légal et doit donc quitter le territoire. Mais plutôt que de lui envoyer un courrier ou de le convoquer, afin de l'inviter à s'en aller par lui-même – sous menace éventuellement de sanction ou de l'usage de la contrainte – les services de Monsieur MAUDET ont préféré l'arrêter, le 30 novembre, dans les locaux de l'OCPM, où il s'est présenté comme à son habitude afin de pouvoir bénéficier de l'aide d'urgence (aide sociale réduite au droit à la survie soit 280.-/mois), et le placer en détention administrative.
De la justification boiteuse des autorités
Les forces de police justifient l'application de ces méthodes en évoquant le risque de disparition de Monsieur K. Cet argument est d'autant plus inaudible qu'il a été le délégué de No Bunkers lors des discussions avec le Conseiller d'Etat Poggia et ceci du mois d'août à il y a encore trois semaines. Comment considérer qu'un individu tente de se soustraire aux autorités quand il négocie avec celles-ci toutes les deux semaines?
La négation de ses droits de base
Il a ensuite été baladé pendant quatre jours d'un lieu de détention à l'autre, en attendant le vol réservé pour lui le 3 décembre, sans pouvoir entre temps bénéficier de visites auxquelles il a le droit et sans que les autorités ne songent à rassembler ses affaires, afin de lui permettre de les emmener avec lui. Encadré de policiers, Monsieur K. fut emmené jusqu'à la passerelle d'embarquement, qu'il n'a pas souhaité emprunter en faisant valoir qu'il refusait de partir dans ces conditions, mais qu'il souhaitait pouvoir le faire dans la dignité, à savoir après avoir pu faire ses adieux à ses amis et connaissances, régler ses dossiers administratifs et récupérer ses affaires étrangement laissées par les autorités dans le foyer où il résidait jusqu'alors.
Opposition des autorités à un départ volontaire
Au lieu d'admettre qu'il serait plus digne pour le concerné et moins coûteux pour la collectivité de laisser Monsieur K. s'en aller de lui-même, les services de Monsieur Maudet se sont dévoués à organiser au plus vite un vol sous la contrainte, prévu deux jours avant Noël et annoncé un jour avant d'avoir lieu, privant ainsi Monsieur K. de la possibilité de partir librement ou au moins de connaître le résultat du recours qu'il a formé contre sa détention administrative.
Désormais, Monsieur K. n'a le choix que de se laisser faire et ainsi renoncer à sa dignité, ou persister à la défendre et ainsi s'exposer à davantage de violences de la part des autorités. L'entêtement des autorités qui ont enfermé Monsieur K. et veulent le contraindre à partir menotté est injustifié et absurde, puisqu'il est résolu à s'en aller, mais déterminé à le faire librement.
Ce cas, parmi tant d'autres, montre la nécessité de dénoncer l'instrumentalisation des services sociaux par la police qui met à mal la confiance des usagers, notamment par l'arrestation de migrant-e-s dans leurs locaux ainsi que l'emploi de moyens de contraintes disproportionnés et le recours excessif à la détention à leur égard.
La répression ne peut et ne doit plus être l'unique réponse des autorités aux questions migratoires.
Nous demandons donc la libération immédiate de Monsieur K. afin qu'il puisse quitter librement et dignement la Suisse.
No Bunkers / Solidarité Tattes / Perce Frontière / solidaritéS
Pablo Cruchon - Caroline Renold