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Une conférence de Julie de Dardel (géographe) et Laïla Batou (avocate) tenue le 9 novembre 2017 au Café Gavroche à Genève, organisée dans le cadre d'un cycle de conférences sur la rétention administrative par le groupe migrationS de solidaritéS Genève.

 

 

Résumé

Après avoir traversé la Méditerranée ou remonté la voie des Balkans, les migrant·e·s qui arrivent en Europe sont bien trop souvent traités comme des criminel·le·s. La militarisation des frontières européennes, la construction de murs et de barbelés, les contrôles en augmentation et les hot-spots ne sont que quelques exemples de la manière dont nos gouvernements traitent des êtres humains n’ayant commis aucun délit et du déni de droits dans lequel ils·elles sont relégué·e·s.

Ces logiques de surveillances toujours plus restrictives et sécuritaires détruisent les possibilités d’entrée légale et produisent de la précarité. Une autre forme de traitement punitif d’individus n’ayant commis aucun crime est celui de l’enfermement administratif.
A l’occasion d’une conférence organisée le 9 novembre, le groupe migrationS de solidaritéS Genève a souhaité revenir sur ces questions d’enfermement de la migration en invitant deux intervenantes sur le sujet, Julie de Dardel (géographe) et Laïla Batou (avocate).

 

Nouvelle incarcération de masse
Julie a ouvert la soirée en présentant le contexte historique de l’enfermement, qui a connu un tournant punitif au cours des années 70, visant un enfermement de masse. Ce « boom carcéral » a débuté aux USA, où le taux d’incarcération a été multiplié par 8 en quelques années. Outre la dimension quantitative du nombre de détenu·e·s, c’est aussi sa dimension qualitative qui interpelle: certains délits sont sous les feux des projecteurs (par exemple, la vente de certaines drogues), permettant de cibler la détention de catégories précises de population. En plus d’une stigmatisation des minorités, cet enfermement de masse constitue un paradoxe, puisque les objectifs de sécurité et de lutte contre la criminalité ne sont absolument pas remplis par la prison, qui démontre plutôt l’effet inverse (accroissement de l’insécurité, entre autres).

 

La migration est devenue un crime
Simultanément à ce tournant punitif, apparaît l’enfermement des migrant·e·s. Depuis le début du 21e siècle, on constate une prolifération des camps pour migrant·e·s dans les pays du Sud, en parallèle de l’explosion des centres de rétention administrative dans les pays du Nord et du durcissement de leurs politiques d’asile. Ces constats peuvent être soulignés aussi à Genève, où le Conseiller d’Etat Maudet s’est lancé dans la construction de multiples projets de prison.

Dans le second volet de la conférence, Laïla a décrit avec précision ces évolutions, en soulignant les divers enjeux de la détention pénale, préventive et administrative des migrant·e·s. Dans tous les cas, une certitude : construire davantage de prison n’a jamais été une solution. A Genève, il s’agira de mener la bataille budgétaire pour bloquer cette avancée coûteuse, inutile et au contraire du bon sens. Il est aussi crucial de dénoncer les visées répressives de Maudet, la politique de désinsertion qui va avec, ainsi que les réformes de la loi sur l’asile en Suisse toujours plus restrictives et inhumaines.

Aude Martenot