Palais

La publication, la semaine dernière, du rapport de la Cour des comptes concernant les frais professionnels des conseiller·ère·s administratifs de la Ville de Genève révèle des abus criants de la part de plusieurs membres de l’exécutif municipal. solidaritéS, membre d’Ensemble à Gauche, dénonce ces pratiques inacceptables, exige que toute la lumière soit faite sur ces irrégularités, y compris dans le passé, et appelle à la mise en place de règles rigoureuses pour en éviter la répétition. Il en va de la crédibilité des élu·e·s aux yeux de la population.

Au-delà de frais outranciers engagés par certains magistrats, en particulier par Guillaume Barazzone, ce que le rapport de la Cour des Comptes met en lumière, c’est une confusion entretenue entre frais privés et frais professionnels d’élu·e·s de l’exécutif de la Ville. Comment des dépenses privées de confort, d’agrément, voire somptuaires (soirées en boîte de nuit, etc.), ont-elles pu être remboursées par la Ville sous le couvert de frais professionnels ? Ceci est injustifiable et choquant, et ces dépenses doivent être intégralement remboursées.

A noter que le rapport de la Cour des comptes entretient lui aussi encore une certaine confusion lorsqu’il établit un lien entre certaines dépenses purement somptuaires et d’autres frais, justifiables dans le cadre d’un mandat électif.

Mais pour une grande part de la population qui peine à boucler ses fins de mois et qui croule sous l’augmentation des primes d’assurance maladie et des loyers abusifs, le fait que des élu·e·s puissent se faire rembourser des frais importants, dont le caractère professionnel est discutable, alors qu’ils-elles touchent déjà des salaires de ministres de l’ordre de 250 000.– par an, qui comprennent une indemnité forfaitaire de 13 000.– pour frais professionnels, est particulièrement scandaleux.

solidaritéS exige une transparence totale sur les notes de frais présentes et passées des membres des exécutifs communaux, ainsi que sur celles du Conseil d’Etat, qui ne saurait se soustraire à ce nécessaire exercice de vérité.

Tout la lumière doit être faite sur l’importance de ces pratiques douteuses, et ceci sur les dix dernières années. Les élu·e·s, en particulier celles et ceux qui siègent dans les exécutifs, ont un devoir d’exemplarité par rapport à l’ensemble de leur personnel, mais aussi des électeurs-trices et des contribuables. Un usage parcimonieux des deniers publics doit être la règle : les magistrats ne doivent pouvoir leur imputer aucune dépense privée.

Le tout nouveau « règlement relatif aux frais professionnels des conseiller·ères·s administratif·ive·s » qui vient juste d’être adopté par l’Exécutif de la Ville de Genève, va certes dans le bon sens, notamment lorsqu’il exige que toutes les dépenses des magistrat·e·s soient justifiés par des factures. Pourtant, il reste encore trop évasif sur les critères qui délimitent frais professionnels et frais privés. Il ne fixe pas non plus de plafond aux dépenses de chaque membre de l’exécutif.

Il faut imposer les principes de probité, de bonne foi et de transparence dans la gestion des deniers publics de la Ville de Genève, mais aussi du canton, comme aussi la garantie de l’indépendance des élu·e·s.

Ainsi, si cette affaire est d’un autre ordre que les luxueux voyages à l’étranger payés par des « amis » qui induisent de graves soupçons de corruption et qu’elle ne saurait servir à détourner l’attention de ceux-ci, solidaritéS comprend et partage la colère des citoyen-n-es qui se mobilisent.