Communiqué de presse • Genève • Jeudi 23 février 2017

Solidarité avec les victimes des violences policières
Justice pour Théo, Adama et les autres

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Photos HD: https://flic.kr/s/aHskPySizj

A l’appel de solidaritéS jeunes, près de 150 personnes se sont rassemblées aujourd’hui devant le consulat de France en solidarité avec les victimes des violences policières. Cet événement faisait suite au viol de Théo L. en France, un événement qui succède à une longue liste d’exactions des forces de l’ordre allant du profilage racial au meurtre.

Selon la police des polices françaises, le viol de Théo L. n’est qu’un « accident » ! Pour d’autres on a parlé de « bavures » voir de « dérapages ». L'été dernier, lorsqu’Adama est tombé sous les coups des policiers, l’enquête n’a d’abord évoqué que des égratignures ! Pourtant, ces actes de violences à répétition ne sont pas des accidents mais témoignent d'un racisme profondément ancré dans la police française. Une police qui s’est structurée autour de la répression des colonisés, d’abord en Algérie puis en Métropole, et qui a donc été pensée dans une optique de maintien d’un ordre raciste.

Dans la continuité de l’occupation de l’Algérie, la police française conçoit son rôle dans les quartiers populaires comme un acte d’occupation d’un territoire forcément hostile à l’ordre de la République. Les habitant•e•s en sont perçus comme des délinquant•e•s en puissance et les policiers se donnent ainsi la légitimé pour pratiquer un harcèlement permanent. Les populations des quartiers populaires subissent au quotidien insultes, menaces, humiliations, contrôles arbitraires. C'est pour avoir osé protester contre cette injustice que Théo L. a été violé.

Sexisme, homophobie et volonté d’humilier
La domination policière s’appuie aussi sur un sexisme débridé et une homophobie crasse. A ce titre, l’acte de viol n’est pas anodin. Il témoigne d’une volonté des policiers d’humilier la victime. Le corps policier partage en effet bien souvent une vision ultra-viriliste de son rôle. Les agressions sexistes, symboliques ou physiques et à caractère sexuel font toujours plus partie de son registre d’action. Pour nier l’accusation de viol, la police des polices s’est d’ailleurs appuyée sur une absence présumée d’intention de l’agresseur. Au-delà du cynisme de cet argument, cette rhétorique s’appuie sur une conception sexiste du viol. Elle revient à prioriser la parole de l’agresseur, dont on ne retient que l’intention, au détriment de la victime qui a pourtant bel et bien subi une agression sexuelle. Combien d’autres agressions du même type sont passées sous silence ?

Le verdict rendu souligne également l’impunité totale dont jouissent les policiers. Aux yeux des autorités, il existe des citoyens de seconde zone qui peuvent être battus et violés en tout impunité.

Depuis la mise en place de l’Etat d’urgence, l’ultra-violence policière s’étend dangereusement. Les mouvements sociaux sont criminalisés et sévèrement réprimés. Assignations à résidence, tabassages en règle, interpellations à la pelle attendent désormais celles et ceux qui manifestent, on l’a vu avec la COP21, la loi travail mais aussi le soutien aux migrant•e•s, etc.

 

La Suisse n’est pas en reste

En Suisse aussi la situation est préoccupante. Souvenons-nous de l'assassinat d'Hervé, jeune d’origine congolaise abattu l’année dernière par la police à Bex. Le 28 octobre une jeune d’origine capverdienne a été violemment frappé par la police lausannoise alors qu’il faisait son jogging, la police l’avait pris pour un trafiquant... Le pays est marqué par un racisme d’Etat historique qui se matérialise par un profilage racial et une gestion ultra-répressive des migrant•e•s. Régulièrement, les réfugiés sont victimes de tabassages en règle, que leur statut précaire ne permet pas de dénoncer. Ces dernières années, les attaques se sont multipliées à l’encontre des droits démocratiques élémentaires, à commencer par le droit de manifester. Les contrôles d’identité en marge des manifestations sont aujourd’hui systématiques, une situation qui interdit de fait à de nombreux migrant.e.s de participer aux mobilisations.

Contre ces violences, en France comme en Suisse, solidaritéS jeunes appelle à une solidarité sans faille. Lutter contre la domination policière c’est lutter contre un ordre social toujours plus violent. Contre la domination d’une classe qui s’appuie sur le racisme, le sexisme ou l’homophobie pour maintenir ses privilèges. C’est lutter contre un corps répressif qui matérialise dans sa pratique quotidienne, toutes les oppressions qui traversent la société. C’est lutter contre la violence et le racisme d’Etat, contre le sexisme et l’homophobie.

Justice pour Théo, justice pour toutes celles et tous ceux qui subissent les violences policières!

 

Aude Martenot
Jean Burgermeister