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rappazBernard Rappaz est un paysan âgé de 57 ans, objecteur de conscience et défenseur de l’énergie éolienne. Partisan résolu de la légalisation du cannabis, il a été condamné à cinq ans et huit mois de réclusion par les tribunaux du Valais. Après son incarcération, il a vu sa ferme vendue aux enchères pour payer ses frais de justice... Mais quelles sont les raisons de la lourde peine qu’il encourt (pour ses seules infractions commises avant 2001) ? Son obstination à cultiver et à vendre des dérivés du chanvre, en dépit du durcissement de la politique répressive des autorités fédérales.

 

Les chefs d’accusation invoqués visent son combat pour la dépénalisation de la culture et de la consommation du cannabis, et les moyens d’action qu’il a utilisés, notamment la désobéissance civile. « L’analyse de mes activités passées démontre mon engagement constant pour une société plus juste, plus équitable, non violente et écologique », écrit-il dans sa demande de grâce. La disproportion entre infractions commises et sanction montre qu’il fait l’objet d’un harcèlement de la justice valaisanne, et qu’une partie au moins de sa peine concerne un « délit d’opinion ». Ceci explique la grève de la faim qu’il mène depuis trois mois pour exiger une révision de son procès.

La persécution judiciaire de Rappaz (la Fédération des médecins suisses parle de « vengeance ») constitue une hypocrisie scandaleuse, surtout dans un pays qui est parmi les plus gros consommateurs européens de cannabis (la moitié des adolescent·e·s et des jeunes adultes reconnaissent en avoir pris). Fumer un joint n’est d’ailleurs plus amendable dans les deux cantons de Bâle; la majorité du Grand Conseil de Bâle-Ville est pour la dépénalisation, tandis que la loi permet la culture de dix plants à Bâle-Campagne. La Ville de Zurich vient aussi de proposer la légalisation de la vente de cannabis sous contrôle public.

La vie de Bernard Rappaz est en danger. Selon un dernier rapport médical, son cœur ne bat plus qu’au ralenti. La justice valaisanne exige qu’il soit nourri de force, une infamie que les médecins ont raison de refuser. Le 26 août dernier, le Tribunal fédéral, s’il n’excluait pas la contrainte, avait clairement établi que la protection de la vie humaine durant l’exécution des peines était un bien supérieur, et qu’il fallait, le cas échéant, interrompre de façon subsidiaire la détention d’un gréviste de la faim qui mettrait sa santé et sa vie en danger. Mais le temps presse, c’est pourquoi il appartient aux autorités genevoises de prendre une mesure humanitaire exceptionnelle en mettant Rappaz en liberté sans délai pour éviter un drame irréparable.

C’est avec un Bernard Rappaz en vie et qui accepte de se nourrir qu’il faut reprendre la discussion pour le règlement de son contentieux pénal. Il ne demande rien d’autre.

Jean Batou

 


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