La Constituante du canton de Genève, élue le 19 octobre dernier, ne comptait que 14 femmes pour 80 sièges, marquant un recul inacceptable de la représentation des femmes.

Notre mouvement vise certes à développer des dispositifs institutionnels qui favorisent la parité, non seulement sur les listes de candidat-e-s, mais aussi parmi les élu-e-s., nous en proposerons dans le cadre de la Constituante précisément.

Mais dans l’immédiat également, nous n'avons pas pu baisser la tête devant un résultat aussi choquant, et l'accepter sans autre, en particulier en ce qui concerne les élu-e-s sur notre propre liste.

Comment aurions nous pu en effet admettre sans autre qu’une liste strictement paritaire comme la nôtre, qui a fait de l’égalité entre les sexes un cheval de bataille et un argument central de campagne, débouche sur l’élection de quatre hommes pour quatre sièges... comme ce fut le cas.

A situation exceptionnelle, il fallait donc donner des réponses exceptionnelles ! C’est le résultat du débat et des décisions de notre Assemblée générale du lundi 17 novembre.

Suite à ces décisions, plutôt que 4 hommes, ce sont… 2 hommes et 2 femmes qui siégeront à la Constituante et qui forment désormais le groupe de solidaritéS dans cette assemblée, qui a tenu sa séance constitutive ce 20 novembre 2008.

Concrètement, deux élus masculins se sont retirés: Il s’agit de Pierre VANEK et de Gilles GODINAT. Ceci a fait échoir un mandat à Jocelyne HALLER qui l’a accepté. Les deux hommes «viennent ensuite», Jean BATOU et Dominique ZIEGLER, ont aussi renoncé à assumer leur mandat, comme aussi – pour des raisons personnelles la «vient ensuite» Shirin HATAM - le quatrième siège de notre groupe échoit donc à Claire MARTENOT qui a accepté cette charge.

Au final, notre groupe d’élu-e-s à la constituante se compose donc de nos camarades suivants:

Nils DE DARDEL - Michel DUCOMMUN – JOCELYNE HALLER – Claire MARTENOT

Nous sommes conscients que la décision collective que nous avons prise dans ce sens en AG du mouvement - après de nombreux débats, dans la Coordination de solidaritéS-Genève, parmi les candidat-e-s à la Constituante et dans le groupe de travail qui a porté notre campagne au quotidien - comporte des inconvénients.

• Tout d'abord, certains et certaines nous reprocheront de «manquer de respect à l'égard des électeurs-trices». Il faut entrer en matière sur cette objection, mais l’on peut répondre qu’il est absurde de croire - ou de faire semblant de croire - qu’il y ait eu une quelconque «volonté populaire» des citoyen-ne-s de Genève d’élire une assemblée comportant 17,5 % de femmes seulement, ou – plus invraisemblable encore - que les électeurs-trices de solidaritéS aient eu une quelconque volonté, collective ou individuelle, d’élire un groupe à 100% masculin.

• D'autres nous ont dit que nous aurions au moins dû annoncer, à l'avance, que si nécessaire, certains hommes pourraient se retirer en faveur de femmes après l'élection. Mais si c’est facile de raisonner ainsi a posteriori, nous ne pouvions guère prévoir ce résultat. Dans d’autres assemblées, par ex. le Conseil municipal de la Ville de Genève, nous sommes représentés majoritairement par des femmes.

• Enfin, un certain nombre de femmes, y compris dans nos propres rangs, ont estimé que le retrait des hommes en faveur de femmes pouvait avoir quelque chose de condescendant.

Toutes ces critiques sont compréhensibles, mais elles ont le défaut rédhibtoire, si elles avaient été suivies, de nous conduire à ne rien faire et à ne pas réagir, aujourd’hui...

Pour l’avenir, en particulier pour les élections au Grand Conseil l’an prochain, cette expérience doit nous conduire à un renforcement de notre engagement, concret et dans la durée, à tout faire faire pour que soit élue une députation de gauche combative qui comporte autant de femmes que d’hommes !

Pierre Vanek