L’Etat au service de qui ?

Patrons et politiciens libéraux n’ont cure de voir raboter et réduire à la portion congrue toute prestation sociale de l’Etat. Seuls les gros contrats publics qui activent leurs affaires les intéressent.

La droite dit « moins d’Etat » et la gauche dit plus d’« Etat social ». Les premiers veulent en fait plus d’Etat, mais taillé à leur démesure : un minimum de prestations sociales, un maximum de gros contrats pour leurs bénéfices et l’armée. Ils critiquent le budget de l’Etat et s’en prennent à ses ressources financières pour imposer une politique d’austérité à toute la société. Cédant à ces pressions, la gauche officielle se limite à vouloir « rééquilibrer », timidement, cette injustice.

Il faut se battre pour une autre perspective : un Etat social avec la participation du personnel et des usagers est possible. Plusieurs axes permettent de préciser celle-ci :

  • Aucune prestation publique en matière de formation, de santé, d’aide au chômeur-euse-s, aux personnes défavorisées et au logement, d’aménagement écologique et urbain ne doit être rognée. Au contraire les besoins actuels dans ces domaines sociaux vont croissants et il faut développer ces prestations.
    Les économies peuvent se faire sur le budget militaire, certains contrats publics contestables et des frais administratifs dont la démesure est souvent le fait de la lourdeur des structures hiérarchiques.
  • Le personnel de l’Etat et les usagers des services doivent être associés à ces choix Souvent, les prestations sociales de l’Etat, conçues et administrées sans leurs usagers directs, suscitent autant de difficultés qu’elles en résolvent. Coupé de la population, l’Etat « social » est souvent une tutelle maladroite et bureaucratique.
  • Le statut du personnel public doit être réglé dans un esprit de concertation entre partenaires sociaux, qui respecte la liberté d’action syndicale, interdise la déréglementation des salaires et maintienne le pouvoir d’achat. L’Etat doit assurer ces conditions pour qu’elles s’imposent aussi dans le secteur privé.
  • On n’a pas fait le plein des ressources fiscales : l’impôt sur les grosses fortunes reste faible en comparaison des coûts sociaux de la crise (et même de ce qui se pratique ailleurs). En outre, un déficit public contrôlable est non seulement possible, mais justifié en période de crise, pour assurer des prestations aux plus défavorisés.
  • Les collectivités publiques peuvent développer des initiatives nouvelles couvrant leurs coûts de production dans les domaines du logement, des communications, entre autres. Il faut envisager un secteur public dynamique au lieu de privatiser chacune de ses activités rentables pour ne lui laisser que les pertes. (Comme l’illustre le projet de mainmise des capitaux privés sur les Télécom.)