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solidaritéS (CH) · Communiqué de presse · Mercredi 4 octobre 2017

Le 1er octobre a marqué un tournant dans l’histoire de la Catalogne et de l’Etat Espagnol. Les autorités de l’Etat Espagnol ont choisi la répression violente contre la volonté de la population de Catalogne de s’exprimer démocratiquement sur son avenir.

Balles en caoutchouc, matraques, violences contre les civils (plus de 800 blessé-e-s), descentes dans des écoles, envahissement des bureaux de vote et saisies des urnes. Plus de 90 bureaux de vote ont été la cible d'interventions visant à saisir le matériel électoral.

Avant le vote, l’Etat Espagnol avait déjà déployé ses forces politiques et armées afin d’empêcher la tenue du référendum d’autodétermination en Catalogne. Les forces paramilitaires de la garde civile avaient confisqué plus de 10 millions de bulletins de vote, plus d’un million de tracts, des affiches et des imprimantes. Elles avaient également pris d’assaut plusieurs bâtiments officiels et incarcéré des ministres du gouvernement catalan. Le ministère des finances de l’Etat Espagnol avait bloqué tous les comptes bancaires gérés par le ministère des finances catalan. Le gouvernement de Madrid avait lancé une enquête sur plus de 700 maires qui soutenaient le référendum. La garde civile avait également essayé d’entrer dans les locaux du parti anticapitaliste CUP (Candidature d’Unité Populaire) qui soutient le référendum.

Cette répression et ce déploiement répressif des forces policières et de la Guardia civil (17,000 unités) par l'Etat espagnol n’a néanmoins pas empêché 2,262,424 de personnes d’exercer leur droit de vote. A plus de 90% et avec un taux de participation de 42,3 %, elles ont exprimé leur volonté de se diriger vers une République catalane et l'ouverture d'un processus constituant participatif.

 

Une mobilisation et une résistance populaire exemplaires

Nous saluons la résistance et la mobilisation populaire du peuple catalan, qui continuent face aux menaces, actes d’intimidations et répressions policières. La population catalane s’est organisée coûte que coûte pour maintenir le référendum, en manifestant massivement dans la rue pour défendre ses droits démocratiques, en occupant les écoles qui devaient servir de bureaux de vote, etc. On a vu également des pompiers catalans s’interposer entre les forces de l'ordre et les civils, et recevoir eux-mêmes des coups de matraque.
La mobilisation des secteurs sociaux et salariés organisés n’est pas en reste. Une grève générale et sociale a été appelée par la grande majorité des organisations syndicales et sociales [CGT, CCOO, UGT, ANC, Omnium cultural, etc.] de Catalogne pour le mardi 3 octobre en défense des libertés, du droit à décider ainsi qu'en faveur d'une Charte des droits sociaux.

 

L’Etat Espagnol et l’Union Européenne bafouent encore les droits démocratiques

Ils ont bafoué pendant une décennie les droits du peuple catalan et renié leurs promesses pour un statut d’autonomie. Aujourd’hui, le gouvernement minoritaire de droite de Rajoy, avec l’appui du PSOE et de Ciudadanos, bafoue les droits démocratiques les plus élémentaires. Avant la journée noire du 1er octobre, Rajoy parlait d’une liquidation de la Constitution et d’une légitime réaction du gouvernement face à la tenue du référendum sur l’indépendance.. Après la répression, Rajoy a refusé de reconnaître le vote de dimanche, le qualifiant de "mise en scène". Et il reporté la responsabilité des incidents sur "ceux qui ont violé la loi".

Le droit à l’autodétermination apparaît comme un défi au consensus de la transition postfranquiste, et le processus actuel en Catalogne ouvre une brèche dans les fondements de l’Etat espagnol. L’élite politique préfère s’accrocher à l’héritage du franquisme et à la Constitution de 1978.

May, Merkel et Macron, qui imposent en Europe une cure d’austérité néolibérale, s’alignent derrière Rajoy. Le Premier ministre espagnol a d’ailleurs rappelé dans sa dernière conférence de presse qu’il bénéficiait « d’un soutien sans faille des leaders européens ». Dans son communiqué du lundi 2 octobre, la Commission Européenne affirme qu’« en vertu de la Constitution espagnole, le scrutin organisé hier en Catalogne n'était pas légal », et conclue : « Nous faisons confiance à la capacité du Premier ministre Mariano Rajoy à gérer ce processus délicat dans le plein respect de la Constitution espagnole et des droits fondamentaux des citoyens qui y sont consacrés ».

solidaritéS exprime son soutien inconditionnel à la volonté du peuple catalan de décider de son avenir, y compris l’indépendance, et de construire une Catalogne libérée du joug de l’Etat Espagnol, ainsi que du néolibéralisme et de l’autoritarisme de l’Union Européenne.

Notre soutien au droit à l’auto-détermination du peuple catalan s’inscrit dans notre solidarité internationaliste à tous les peuples à travers le monde en lutte pour décider de leur avenir, comme récemment au Kurdistan iraquien et depuis plus de 60 ans en Palestine.

 

Contacts:

Joseph Daher
Dimitris Daksalakis