11958033 10153677817598689 2168284008726060370 oLe mouvement solidaritéS condamne l'escalade de la répression et des agressions brutales contre les Kurdes et les organisations de gauche en Turquie de ces derniers jours. Prenant prétexte de l'attentat commis le lundi 20 juillet 2015 par le groupe ultra-réactionnaire de l'Etat Islamique (EI) contre le centre culturel d'Amara à Suruç, causant la mort de plus de 30 jeunes, membres de la Fédération des associations des jeunes socialistes d'Istanbul, le gouvernement turc de l'AKP s'est lancé dans une campagne de « guerre au terrorisme » dont les cibles principales ne sont pas les djihadistes de l'EI, mais les militant·e·s du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), du Parti Démocratique des Peuples (HDP),  de la gauche démocratique turque et des membres de la société civile : féministes, journalistes, défenseur des droits humains, etc.

 

L'aviation turque a bombardé des localités et institutions civiles, ainsi que des bases militaires du PKK dans le sud-est de la Turquie et le nord de l'Irak, provoquant la mort de plusieurs centaines de personnes. Le gouvernement d'Ankara a déclaré vouloir éradiquer le PKK : 1700 militant·e·s et élu·e·s kurdes et de la gauche démocratique ont été arrêté·e·s depuis les élections du 7 juin dernier, et 300 ont été emprisonné·e·s. Plus d'une centaine de bureaux du HDP ont été attaqués dans de nombreuses villes par des groupes nationalistes et fascistes, encouragés par la propagande guerrière du gouvernement de l'AKP. Le bureau du HDP à Ankara a par exemple été brûlé, le 8 septembre, par des groupes nationalistes sans que la police n'intervienne pour le protéger. Des mesures répressives ont visés les populations civiles des régions à majorité kurde. Depuis le 4 septembre, la ville de Cizre, dans le sud-est du pays, à majorité kurde, est ainsi assiégée par l'armée, et 21 civils y ont déjà trouvé la mort. Les habitant·e·s de la ville sont également privés d'accès à la nourriture, à l'eau, aux services de santé, tandis que les députés du HDP, qui ont dénoncé l'état de siège, ont été empêchés de se rendre sur place.

 

Les objectifs de cette prétendue campagne de « guerre au terrorisme » sont principalement d'affaiblir le mouvement populaire kurde en Turquie et en Syrie, et de renforcer l'AKP et les forces nationalistes turques sur le plan interne. Le processus de paix entre le PKK et le gouvernement turc est maintenant au point mort à cause des mesures répressives et guerrières de l'AKP, qui poursuit la politique discriminatoire de l'Etat turc contre le peuple kurde : criminalisation du PKK et de ses membres, incarcération de 8000 prisonniers politiques kurdes, etc.

 

Le mouvement solidaritéS déclare sa solidarité totale avec les victimes de la guerre et de la répression menée par l'Etat turc, en particulier contre le peuple kurde, et appelle:

- le Conseil Fédéral à exiger fermement de l'Etat turc la fin de la répression et des mesures de guerre contre les populations civiles, en particulier kurdes, ainsi que la reprise du processus de paix avec le PKK.

- à la liberté à tou.te.s les prisonniers politiques en Turquie.

- au déploiement d'observateurs internationaux pour observer le déroulement des élections législatives anticipées du 1er novembre prochain, afin que les règles de la démocratie soient strictement respectées.

- à la suspension et à la renégociation de tous les accords politiques et économiques entre la Suisse et la Turquie avec l'inclusion d'une clause conditionnant la validité du traité aux respects des droits humains par la Turquie et la Suisse

- à fin de la criminalisation du PKK et à son retrait immédiat des listes des organisations terroristes, ainsi que la légalisation de toutes les organisations de la gauche en Turquie.

 

Mouvement solidaritéS

11 Septembre 2015