atikLettre ouverte à l'attention du Conseil fédéral, du Conseil national et des autorités cantonales
compétentes

Madame la Présidente,
Cher-e-s ministres,
Cher-e-s conseillers-ères nationaux-ales,

Par la présente lettre, solidaritéS exige la libération immédiate du prisonnier politique turc Mehmet Yesilçali, bénéficiaire du statut de réfugié politique dans notre pays et arrêté honteusement par la police suisse.


Incarcéré, comme 11 autres personnes en Europe sur mandat du gouvernement turc dont l'Allemagne s'est faite le bras armé, le prisonnier politique suisse (!) est poursuivi pour le simple fait d'appartenir à la Confédération des Travailleurs de Turquie en Europe (ATIK), organisation que le gouvernement turc estime être une émanation décentralisée du TKP-ML, le parti communiste turc marxiste-léniniste interdit par les autorités du pays.


Pour étayer ces accusations, les ministères publics turc et allemand arguent de prétendues rencontres ayant pour buts la subversion ou la préparation financière d'actes terroristes. Or ces personnes arrêtées en Europe ont toutes purgées de longues années en prison et ont reçu des visas de réfugiés pour le harcèlement et la criminalisation de leur activité de militant associatif et politique en Turquie. Notons de plus que l'ATIK ou le TKP-ML ne sont pas inscrits au registre européen des organisations terroristes.


Il paraît dès lors évident que le gouvernement turc de l'AKP tente de déstabiliser, par la criminalisation politique, les forces progressistes à l'intérieur du pays, forces qui viennent de connaître de spectaculaires résultats électoraux. Au coeur de ces revendications, l'extension des droits humains et sociaux, la reconnaissance des minorités - les Kurdes évidemment - la démocratisation des institutions. Et c'est bien pour ces raisons que Mehmet Yesilçali et les 11 autres membres de l'ATIK sont poursuivis.


Même si l'Allemagne assume cette traque antidémocratique, la participation de la Suisse à cette mascarade judiciaire est une honte. Ou alors le Conseil fédéral peut-il nous expliquer comment et pourquoi un réfugié politique devient un prisonnier politique pour les mêmes raisons objectives? Se défausser sur le ministère public allemand ne fera que renforcer l'image d'une Suisse qui bafoue ses valeurs humanistes et pire, la valeur des visas dont elle se vante être la garante mondiale. Nous demandons en conséquence que la libération des 12 détenus de l'ATIK et de Mehmet Yesilçali en particulier soit immédiate et effective.


Pour solidaritéS: Mirjam Brunner et Pablo Cruchon

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