Justice-for-palestine

  Après l'opération « Plomb durci » en 2008 et 2009, l'opération « Bordure protectrice » en 2014. L'histoire semble bégayer et le calvaire de la population de Gaza être sans fin. Pire, l'histoire ne fait pas que se répéter, elle va en s'aggravant. Militants anticolonialistes de toujours, les animateurs du Centre d'information alternative de Jérusalem/Bethléem constatent ainsi que « par rapport à ce que les gens de Gaza ont subi ces trois dernières semaines, ‹ Plomb durci › a été une opération mineure avec des dégâts limités. »

 Le but poursuivi par l'armée israélienne et le gouvernement de la droite extrême de Netanyahou est clair : il s'agit de renvoyer la bande côtière de Gaza et sa population à l'âge de la pierre, pour que la lutte pour la reconstruction et la simple survie deviennent la seule préoccupation et qu'elle abandonne le combat pour la fin de l'occupation. Cela d'autant plus que l'agression israélienne sur Gaza n'a pas commencé avec les barrages d'artillerie et les bombardements de l'aviation. Elle est quotidienne et bien antérieure : avec la complicité de l'Egypte, Israël impose un blocus illégal et inhumain à l'enclave depuis 8 ans.

Résultat : pas d'accès régulier à l'eau potable pour la moitié de la population, quatre heures d'électricité par jour pour 80 % de la population. L'électricité a aujourd'hui disparu avec le bombardement de l'unique centrale. Le manque d'infrastructures est criant : le nombre d'écoles devrait être doublé et 800 hôpitaux supplémentaires devraient voir le jour. Sinon, comme l'indiquait un rapport de l'ONU en 2012 (soit avant l'opération militaire actuelle), la bande de Gaza ne serait « plus viable » dès 2020. Cette tragédie humanitaire de ce qu'il faudra bien un jour appeler le ghetto de Gaza n'est possible que grâce à l'arrogance inouïe du gouvernement Nethanyou, corollaire logique de l'impunité internationale dont jouit l'Etat israélien.

Alors que le rapport Goldstone sur l'opération « Plomb durci » avait clairement mis en évidence les crimes de guerre, voire les crimes contre l'humanité, commis durant cette période par l'armée de Tel Aviv, que s'est-il passé ensuite ? Rien. Les pressions des Etats-Unis et du lobby sioniste ont permis l'enterrement de ce rapport. Et donc encouragé la préparation de nouveaux crimes sionistes. C'est ce cycle d'impuissance que la mobilisation en solidarité avec le peuple palestinien doit rompre, c'est cette impunité répétée d'Israël qu'il faut briser. Cela ne se fera pas du jour au lendemain, mais c'est possible.

Opposant à l'origine à la campagne de boycott, de désinvestissement et de sanctions (BDS), Rony Brauman, ancien président de Médecins sans frontières, explique sur le site de l'hebdomadaire Marianne : « Je n'étais personnellement pas favorable à cela, mais il est très difficile de la critiquer aujourd'hui. L'Espagne a aussi suspendu ses livraisons d'armes vers Israël. C'est insignifiant en terme de quantité, mais très symbolique. On peut noter aussi le cas de la Grande-Bretagne, où le parlement a été très dur contre la complaisance de Cameron. Ce sont des petites choses, mais qui sonnent le glas de l'impunité politique d'Israël [...] Il n'est pas impossible d'assister à des sanctions internationales à terme. »

La manifestation nationale de Berne du 23 août, dont nous publions l'appel et les signataires en page 4, s'inscrit dans cette perspective de briser l'impunité d'Israël. Certaines revendications avancées sont à nos yeux prioritaires comme :

L'arrêt immédiat de toute collaboration militaire et en matière d'armement avec Israël et l'abandon de l'achat de drones israéliens.Des mesures diplomatiques et économiques concrètes jusqu'à ce qu'Israël se retire des Territoires occupés palestiniens, applique le droit international et respecte le droit à l'autodétermination du peuple palestinien. Le défèrement de l'Etat d'Israël devant la Cour Pénale internationale pour y être jugé de ses nombreux crimes de guerre et contre l'humanité. Le soutien officiel de la campagne BDS, lancée en 2005 par la société civile palestinienne.Le dédommagement, par Israël, pour la destruction des infrastructures de la bande de Gaza et des territoires occupés.L'accueil des réfugiés palestiniens, particulièrement en provenance de Syrie et de Gaza qui vivent dans des conditions humainement inacceptables et qui sont menacés dans leur existence.

Pour faire entendre la voix du peuple palestinien et donner une ampleur accrue à la campagne BDS, il faut aller vers une plateforme nationale, capable d'inscrire à l'ordre du jour politique suisse des actions en soutien aux droits des Palestinien·ne·s. Cette plateforme devrait nécessairement avoir comme objectif politique fondamental le droit à l'autodétermination du peuple palestinien, la condamnation sans appel de la politique d'apartheid et de colonisation de l'Etat d'Israël et la création d'un Etat démocratique laïque et socialement juste regroupant tous les Palestinien·ne·s et tous les Israélien·ne·s dans les frontières de la Palestine historique de 1948.

 

Halte à l'agression militaire de Gaza !

Fin du blocus !

Pas d'impunité pour Israël !

 

Pablo Cruchon et Daniel Süri

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