2014-07-11-palestine

 

Il a fallu l'annonce de l'assassinat de trois jeunes colons israéliens, que nous déplorons, pour revoir la Palestine au centre de l'actualité. Depuis, les médias internationaux ont présenté la situation régionale comme entraînée dans un nouveau cycle de violence, ignorant les violations et attaques quotidiennes de l'Etat Israélien contre les Palestinien·ne·s.

 Il faut savoir qu'en plus de la continuation de la politique de colonisation, d'Apartheid, d'expulsion et d'occupation de l'Etat d'Israël contre la population palestinienne, un total de vingt-deux civils palestiniens ont été tués par les forces de sécurité isra­éliennes depuis le début de l'année 2014, tandis que 1226 Pa­les­tinien·ne·s étaient blessés, et 629 déplacés de force.

Depuis le kidnapping des jeunes colons israéliens dans les territoires occupés de Cisjordanie, le 12 juin, l'armée d'occupation israélienne a mis en place une politique de punition collective, comme d'habitude, à l'encontre des Pa­les­ti­nien·ne·s tandis qu'Israël continue à se présenter comme la victime assiégée... Au moins dix Palestiniens ont été tués et plusieurs autres ont été blessés, tandis que plus de 500 d'entre eux étaient arrêtés, dont plus de 80 sont détenus « administrativement », une forme d'incarcération sans inculpation ni jugement. L'armée d'occupation israélienne a également imposé de sévères restrictions de mouvement en Cisjordanie, tandis qu'elle perquisitionnait plus de mille maisons, saccageant plusieurs d'entre elles. Tel Aviv a également mené plus de cent attaques aériennes contre la bande de Gaza, toujours soumise à un blocus, avec des bombardements intenses qui ont d'ailleurs causé dernièrement la mort de sept membres du Hamas.

A la suite de l'annonce de la mort des trois jeunes colons, une campagne médiatique massive et raciste, qui s'inscrit dans un racisme institutionnel profond et promu par l'Etat d'Israel depuis longtemps, s'est alors développée au sein la société et de l'armée israéliennes, appelant au meurtre de Palestiniens. Des manifestations ont été organisées dans différentes villes israéliennes appelant à tuer des arabes, tandis que plusieurs Palestiniens de 1948 étaient lynchés en public par des groupes de jeunes israéliens. Ces scènes rappellent le lynchage des noirs dans les états du Sud des USA, avant le mouvement des droits civiques, chaque fois qu'une personne blanche était retrouvée morte. Cette atmosphère de pogrom a d'ailleurs mené à l'assassinat d'un jeune Palestinien de 16 ans, Mohammed Abu Khdeir, qui a été enlevé et brûlé vif par un groupe d'israéliens. La police a également arrêté son cousin, Tareq Abou Khdeir, âgé de 15 ans et citoyen US, après l'avoir battu. De nombreuses manifestations de Pa­les­tinien·ne·s de 1948 ont eu lieu en Israël pour protester et dénoncer les politiques israéliennes à la suite de ces évènements, menant à l'arrestation de plus de 270 manifestant·e·s.

Le gouvernement israélien n'a pas tardé à utiliser l'assassinat des trois jeunes colons pour réprimer les Pa­les­ti­nien·ne·s encore davantage et faire avancer certains objectifs du gouvernement. Le 30 juin, Netanyahu et le ministre de la Défense Yaalon ont notamment proposé de « venger » les trois jeunes colons assassinés par la construction de nouvelles colonies « en leur honneur ». Netanyahu a surtout utilisé cette affaire pour tenter de mettre à mal la réconciliation Hamas-Fatah en accusant le Hamas d'être responsable du meurtre des jeunes colons, malgré les démentis répétés du parti islamiste. A la suite du kidnapping des trois jeunes colons, 335 de ses membres ont été arrêtés par Tsahal en deux semaines, après une vaste offensive en Cisjordanie. Les auteurs de l'assassinat des trois jeunes colons, deux Pa­les­ti­nien·ne·s originaires d'Hébron, étaient bien membres du Hamas et ont été par le passé emprisonnés par l'armée d'occupation israélienne. Mais selon la plupart des informations, ils ont agi de leur propre chef.

Notre solidarité va au peuple palestinien en lutte pour ses droits nationaux et son émancipation. Nous appelons également au soutien total à la campagne BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanction) qui continue à connaître des succès importants à travers le monde, avec notamment le désinvestissement de plusieurs millions de dollars de la Fondation Bill Gates, de l'église Presbytérienne et méthodiste des Etats Unis, mais aussi de sociétés bénéficiant de l'occupation israélienne, dont la compagnie de sécurité G4S et Hewlett Packard.

En même temps, ces événements nous rappellent qu'il n'y aura probablement pas de solution véritable à la question palestinienne et également pour la population juive d'Israël sans le démantèlement de l'Etat colonial, d'apartheid et d'occupation israélien et l'établissement d'un Etat démocratique, socialement juste et laïc dans la Palestine historique de 1948 pour tous (Israéliens et Palestiniens) sans aucune forme de discrimination, dans lequel tout Palestinien, qu'il soit réfugié interne ou réfugié dans des pays étrangers, ait le droit de retourner. Et bien sûr, nous sommes aussi solidaires avec les mouvements révolutionnaires de toute la région qui luttent pour le renversement de tous les régimes autoritaires et socialement injustes, qui sont aussi complices de la souffrance du peuple palestinien.

Vive la Palestine Libre !

Joseph Daher

Aktuell

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